P138 – Women, Marriage Alliances and Power in East Africa
10 July, 09:00 – 10:30

Convenor(s)
Herman Margaux / CFEE/IMAF
Doyle Shane / University of Leeds

Abstract

Examining marriage alliances is key to understanding the notion of power in Africa. Widely analyzed in Western Africa, the topic remains unstudied in Eastern Africa. The panel will compare the life-courses of women, from elites to lower classes, as objects or instigators of the exchanges. The focus will be on the strategies put in place by women, once married, to participate actively in politics and the life of the community. We want to analyze the theme of the matrimonial unions, not as a tool used by leaders, but as a potential springboard of career and social advancement. It is also fundamental to include the historical context to apprehend the peculiarity of these alliances and to determine which factors contributed to the rise of these women, whether they became visible or remained in the shadows. Moreover, these individual careers are generally part of a collective advancement, of their families or networks. As well, dynastic, inter-confessional and/or inter-ethnic marriages were used to support leaders, confirm peace deals or ease regional tensions to favor trade or express recognition of a dominant power. Addressed in a historical perspective, they reveal the evolving relationships between various regional partners. In conclusion, we will consider the history of Eastern Africa from a new angle, examining the role of women as actors shaping the continuities, changes and geopolitical restructuring of the societies of this region.

Femmes, alliances matrimoniales et pouvoir en Afrique de l’Est

La question des alliances matrimoniales est une clé de compréhension de la notion de pouvoir. Abordées pour l’Afrique de l’Ouest, elles restent peu évoquées sur l’Afrique de l’Est. Le panel comparera le parcours de femmes, des élites ou des classes inférieures, comme « objets » ou instigatrices de ces échanges. L’accent sera mis sur les stratégies qu’elles mirent en place, une fois mariées, pour participer à la politique et à la vie de la communauté. Les réseaux matrimoniaux sont ici appréhendés non comme un outil des dirigeants mais comme un potentiel tremplin de carrière politique et de promotion sociale. Le contexte historique sera essentiel pour saisir la singularité de ces parcours et l’essor de ces femmes, devenues visibles ou non. Par ailleurs, ces carrières individuelles sont souvent accompagnées d’une ascension collective, celle de leur famille ou d’un réseau. De même, entrevus dans une perspective historique, les mariages dynastiques, interconfessionnels et/ou inter-ethniques utilisés pour asseoir un gouvernement, signer des accords de paix ou apaiser les tensions régionales, favorisant le commerce ou exprimant la reconnaissance d’une puissance, dévoilent les relations et les évolutions entre différents partenaires régionaux. Finalement, nous voulons revisiter l’histoire de l’Afrique de l’Est sous un angle nouveau, appréhendant le rôle des femmes comme actrices de la continuité, des changements et des restructurations géopolitiques des sociétés de la région.

Paper 1

Doyle Shane / University of Leeds

Marriage strategies in modern Uganda

In recent years political and religious leaders in Uganda have asserted that the institution of marriage has been undermined by what are defined as western innovations, such as homosexuality, human rights, and individualism. This paper will consider current debates in Uganda about marriage and tradition by arguing that marriage in the pre-colonial past was diverse, that concerns about the corrupting influences of westernization go back more than a century, and that formal marriage was undermined during the colonial period above all by missionary and legislative interventions. The paper will focus on female strategies within marriage and other less formal unions over the past century, examining the various resources they have employed in their attempts to establish sustainable or advantageous relationships.

Paper 2

Buswell Clare / Flinders University of South Australia

Women’s Livelihoods and Men’s Power: Customary Lore and Women’s Agency in Colonial Kenya

Myths, folklore and oral traditions tell us stories and instil moral lessons from our pasts. They are transferred down the generations by songs, riddles, teachings and story telling, and strongly influence social behaviour and social hierarchies. By examining some myths and oral traditions, as expressed within the context of customary lore concerning women, their behaviour and roles within their communities, this paper examines the influences that those oral traditions had on colonial government policy. The paper argues that the collision between lore and law that occurred in colonial policy in Kenya produced a rigid moral authority in the formulation of laws concerning women. Such policies produced a stark relief between the moral authority of women’s livelihoods and the raw power of men’s rules.

Paper 3

Herman Margaux / CFEE, IMAF

De l’utilisation des alliances matrimoniales comme un outil de promotion sociale, par les femmes des élites (Éthiopie-17e-19e siècles)

Dans l’historiographie dédiée à la monarchie chrétienne éthiopienne, les alliances matrimoniales ont systématiquement été analysées comme un outil politique utilisé par les dirigeants en place pour asseoir leur pouvoir et leur règne. Cette recherche veut, au contraire, prendre le contre-pied de ce schéma et aborder différentes stratégies de femmes des élites, qui, une fois mariées, se sont hissées en haut de l’échelle politique et ont permis l’ascension sociale de leur famille. En effet, même si le mythe de fondation de la royauté exclu les femmes de tout exercice du pouvoir politique et bien que les chroniques royales ne leurs dédient qu’une infime considération en comparaison de celle qui est accordée à leurs homologues masculins, les femmes des élites ont réussi, dans la durée, à acquérir une marge de manœuvre importante sur l’administration du pays et à influer sur l’histoire politique du royaume. L’étude de la carrière de ces femmes de pouvoir, ayant vécu entre le 17ème et la fin du 19ème siècle, permet dès lors de revisiter l’histoire géopolitique de cette partie de la Corne de l’Afrique et d’aborder les rapports évolutifs des différentes régions composant le royaume éthiopien moderne sous un nouvel angle.

Paper 4

Médard Henri / IMAF, Aix Marseille Université

Princesses, mariage, inceste et conversions au Buganda au 19e siècle

La place des femmes de sang royal est toujours complexe dans les monarchies des sociétés patrilinéaires. Le Buganda n’est pas une exception. Les princesses sont prises dans les logiques contradictoires de la sacralisation du sang royal et du modèle patriarcal monarchique. L’exacerbation du culte des souverains au 19e siècle pose le problème de l’hypogamie des princesses. Pour préserver le prestige royal, les souverains hésitent entre un inceste stérile et le célibat des princesses. Loin d’être des potiches, les sœurs et les filles du roi sont des personnages influents dans les luttes d’influence de la cour. Elles ne subissent pas passivement l’interdiction qui leur est faite de se reproduire.
Dans les années 1870, un nouveau modèle politique se diffuse via le christianisme et en particulier l’église anglicane. Le sens subversif de l’existence lointaine d’une reine régnante, Victoria, mère de famille nombreuse et chef de l’église anglicane n’est pas perdu pour les princesses. Pendant une vingtaine d’années, les femmes royales vont tenter de réaménager, en leur faveur, leur statut matrimonial et leur place dans la monarchie.

← Back to list