P038 – Transnational Circulations of People, Goods and Ideas: Reception, Adaptation and Contestation
10 July, 16:00-17:30

Convenor(s)
Thiel Alena / GIGA Hamburg
Marfaing Laurence / GIGA Hamburg

Abstract

The growing mobility of people, goods and ideas between (West) Africa and the multiplying and diversifying trade hubs across the world (e.g. in Vietnam, India, Brazil, Turkey besides the “classic” destinations like New York, Bangkok, Dubai or Guangzhou) has triggered reordering processes in areas as diverse as trade and consumption, but also everyday communal and interpersonal relationships. The geographic mobility of people and goods between China and West Africa (Ghana and Senegal) – just to quote the example of our own research – goes hand in hand with social mobility, allowing formerly excluded actors to access new spheres of opportunity and hence to potentially alter power relations, social roles and normative assumptions in community, family and business realms. In this panel, we discuss the processes of negotiation, contestation and outright opposition that accompany these moments of reordering from various societal camps. We are particularly interested in comparative discussions across multiple transnational destinations. Hence we seek to explore how different transnational origins of travelling material objects and immaterial concepts – such as the societal models, ideals and aspirations associated with the different destinations – impact the reception, confrontation and eventually rejection or adaptation of these ideas in the everyday.

Circulations transnationales des personnes, des biens et des idées: réception, adaptation et contestation
L’explosion de la mobilité des personnes, des biens et des idées entre l’Afrique de l’ouest et les nombreux carrefours commerciaux toujours plus diversifiés dans le monde (Vietnam, Inde, Brésil, Turquie ou destinations « classiques » comme New York, Bangkok, Dubaï, ou Guangzhou) a provoqué des processus de réorganisation dans divers domaines : commerce et consommation, relations interpersonnelles et communautaires, vie quotidienne. Cette mobilité géographique, comme dans nos recherches sur les circulations entre la Chine et l’Afrique (Ghana et Sénégal), s’accompagne d’une mobilité sociale notamment pour ceux qui s’offrent des opportunités d’accès à des activités dont ils étaient jusque-là exclus. Ceci crée une confrontation avec des acteurs sociaux établis dans leurs sphères de pouvoirs et modifie les relations dans les communautés et les hiérarchies familiales ou dans le monde des affaires.
Dans ce panel, nous discuterons des expériences issues d’autres échanges internationaux, des processus de négociation et de contestation de ces moments de réorganisation face à l’émergence de modèles alternatifs vis-à-vis de certaines valeurs sociales ou au sein de l’entreprise : quelles idées sont liées à quelles destinations internationales et entrent en collision avec quelles normes établies ? Comment se fait la confrontation et l’adaptation des objets matériels et des concepts exogènes et quel en est l’impact sur les idéaux de la société et les représentations qui leur sont associées ?

 

Paper 1

Barreau-Tran Léa / LAM/Sciences Po Bordeaux

Muambeiras d’Angola : l’impact de la mobilité des femmes sur les normes de genre

Ébranlée par vingt sept ans de guerre civile, l’Angola connaît aujourd’hui une croissance économique fulgurante grâce à ses ressources pétrolières. En marge de cette économie de rente, les petits entrepreneurs angolais réinventent la globalisation par « le bas » en intensifiant le commerce informel avec les pays émergents. Un nombre grandissant d’études s’intéressent aux impacts de la circulation des biens, des personnes et des idées sur les rapports Sud-Sud. Cependant, trop rares sont celles qui questionnent cette mobilité sous l’angle des rapports de genre.
En effet, à Luanda, les marchés de l’habillement sont alimentés exclusivement par les femmes qui se fournissent directement au Brésil, en Chine, en Thaïlande ou à Dubaï. Nommées « Muambeiras » par les douanes, ces commerçantes à la valise bouleversent les représentations du rôle des femmes sur le marché du travail et l’organisation de la famille. Cette mobilité internationale des femmes participe-t-elle à une renégociation des normes genre établies en altérant la représentation de soi par l’incorporation de certaines valeurs? Ou, au contraire, le voyage est-il une contrainte pour ces femmes, qui doivent concilier leurs obligations traditionnelles au sein de la famille aux exigences du marché global ?
Afin de répondre à ces questions, nous comparerons la circulation des idées sur les normes de genre en fonction des destinations du commerce international grâce à notre enquête multisites entre Luanda, São Paulo et Canton.

Paper 2

Galitzine-Loumpet Alexandra / ANR EsCA, FMSH

L’Asie dans la cité. Inscription des représentations de circulation de la Chine et de l’Inde dans la ville de Yaoundé.

L’ampleur des circulations des personnes et des idées se révèle a posteriori, des initiatives isolées croissantes devenant progressivement visibles dans le paysage urbain sous diverses formes – tout à coup la nouveauté s’affiche et s’impose marchandises exposées, objets d’identification culturelle, écritures, publicités construisant et orientant les représentations de circulations nouvelles, sinon alternatives. L’ouverture des possibles nourrit à son tour nombre les imaginaires, et créé de nouvelles oppostunités. Cette communication voudrait revenir sur les inscriptions urbaines de circulation de personnes et de biens avec l’Asie à Yaoundé, et leurs transformations sur une dizaine d’années.

Paper 3

Zaugg Roberto / Sciences Po Paris

Le crachoir chinois du roi: marchandises globales, cultures courtoises et vaudou dans le Bénin précolonial (XVIIe-XIXe siècle)

Du XVIIe au XIXe siècle, les royaumes situés dans l’actuel Bénin méridional (Allada, Hueda, Dahomey, Porto Novo) furent parmi les acteurs les plus importants de la traite transatlantique. A travers les échanges entretenus avec les compagnies négrières (néerlandaises, anglaises, françaises, brandebourgeoises, brésiliennes…) une multiplicité de marchandises américaines, européennes et asiatiques (tabac, pipes, tissus, porcelaines…) pénétra sur les marchés de l’aire adja-fon. Des nouvelles pratiques sociales ainsi qu’une culture matérielle de plus en plus ‘mondialisée’ s’affirmèrent. En même temps, les pratiques et les significations culturelles associées avec ces marchandises furent souvent transformées par des processus d’appropriation et d’adaptation. Etant des lieux de négociations diplomatico-commerciales et, à la fois, des espaces marqués par une formalisation cérémonielle prononcée, les cours royales jouèrent un rôle centr al: non seulement dans l’introduction et redistribution des marchandises, mais aussi par rapport à leur ré-sémantisation. En croisant des sources écrites européennes avec des artefacts sculpturaux et des sources visuelles, ainsi qu’avec des données issues de travaux archéologiques et ethnologiques, cette contribution offrira une analyse micro-historique concernant l’intégration d’objets et de pratiques exogènes dans le cadre des cultures courtoises de l’aire adja-fon ainsi que le rôle joué, dans ce processus, par la culture religieuse du vaudou.

Paper 4

Mueller Felix / Centre for Area Studies, Leipzig University

Renegotiating the state: Ghanaian and Ethiopian officials’ and intellectuals’ encounters with Asia

African policy makers and intellectuals looking for domestically adaptable development strategies have increasingly paid attention to Asia’s rise. In this process, a social technology commonly referred to as developmental state has become an influential source of inspiration. The transnational journey of this state model can be grasped most adequately if it is understood as processes of cultural transfers. Based on field work in Addis Ababa (2013) and the Greater Accra Region (2014), this paper examines how Ghanaian and Ethiopian politicians and intellectuals have interpreted Asia’s success. The paper particularly investigates how personal visits to Asian countries have influenced negotiations of policy choices and expectations towards the state in Ghana and Ethiopia. Special attention is being paid to the Ghanaian case. In both cases, the transfer of ideas is actively supported by the role model governments. Ghanaian civil servants are invited to Malaysian economic planning centers; Ethiopian officials and NGO leaders learn about Saemaul Undong in South Korea. In both Ghana and Ethiopia, increased exchange with Asian actors has resulted in the renegotiation and reordering of the state. Common practices are being contested, new expectations are being formulated. Furthermore, due to the prominence of Asian models, which are perceived as comparably new, more established (neo)liberal and socialist development orthodoxies are increasingly challenged in this process.

Paper 5

Martin Bernhard / independent researcher

Travelling models of the agricultural labour organisation

Since the 1930s, young northern Togolese men have had the habit of working for a period of several years in the cocoa fields in southern Ghana. This migration has become an integral part of the respective local societies in the areas of origin, so that it is possible to speak of cultures of migration. In southern Ghana the migrants learned about the practice of wage labour in agriculture, a practise completely unknown in their home villages. In the 1980s, young men and women in Northern Togo began to demand small amounts of cash for some of their work assignments in other villagers’ fields in addition to the “traditional” payment in meat and sorghum beer. Today, the farmers have to pay money in about half of all deployments of non-family labour. This practice is labeled as “by day”. On the one hand, this introduction of paid fieldwork is attributable to the advanced monetarisation of Northern Togolese local societies. On the other hand, it has been the result of profound conflicts between young and old men, in which the former felt increasingly exploited by the latter and demanded compensation. Finally, it should be noted that although the idea of paid work in the fields migrated from Southern Ghana to Northern Togo, a fundamental change in the meaning ensued. It did not lead to the introduction of a wage-worker system, but to the transformation of an existing form of collective field work, the basic rules of which remained, but cash payments became an added component.

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