P226 – State-formation and the Dynamics of Mobilization, Contestation and Conflict in “Post-war” Burundi
9 July, 16:00 – 17:30

Convenor(s)
Alfieri Valeria / Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Van Acker Tomas / Université de Ghent

Abstract

More than a decade after the 2000 Arusha peace agreement, many analyzes describe Burundi as ‘still on the crossroads’. Indeed, some remarkable changes are affecting the socio-political system. While the question of ethnicity seems to have lost much of its political significance, new fault lines have emerged, and different processes of politicization and mobilization have become key characteristics of “post-war” Burundi. It can be argued that ‘liberal’ peace building and state formation in Burundi are deeply linked to different dynamics of contestation and conflict. The proliferation of political parties, media and civil society associations has reconfigured Burundi’s socio-political landscape and given way to new fault lines. At the same time, the state in Burundi and the political forces that dominate it are also being contested in other areas of intervention that can be linked to the peace- and state building project: the land and refugee policy, the transitional justice process, security sector reform etc. We would like to analyze the multiple spaces and modes of contestation, mobilization and conflict that shape the political sphere in Burundi today. Who are the actors and what are the discourses and repertoires they rely on? How do they relate to processes of socio-political inclusion and exclusion? Are they indicative of increased political participation? Contributions will examine how these dynamics play out both on the very local level as well as nationwide.

Formation de l’Etat et de la dynamique de mobilisation, contestation et conflit dans “l’après-guerre» du Burundi

Plus de dix ans après la signature de l’Accord d’Arusha, plusieurs analystes estiment que le Burundi « doit encore tourner la page de son passé ». Cependant, des changements non négligeables caractérisent le contexte socio-politique du Burundi « post-conflit » où la question ethnique semble avoir perdu de sa signification politique. La construction de la « paix libérale » et de l’Etat dans l’après-guerre apparait liée à l’émergence de différentes dynamiques de conflictualisation, semblant traduire un élargissement de la participation politique. On assiste à l’émergence de processus de mobilisation et de contestation qui se manifestent dans différents secteurs, comme celui des politiques foncières, de la justice transitionnelle, de la réforme de la sécurité, etc. La prolifération de partis politiques, médias et associations a aussi remarquablement changé la configuration du système socio-politique burundais et engendré de nouveaux antagonismes. Nous allons analyser la multiplicité des espaces et des modalités de contestation, de mobilisation, et de conflictualisation qui ont une influence sur la sphère politique. Il s’agit d’enquêter sur les modalités et les acteurs de ces processus, de réfléchir sur l’évolution des rapports de pouvoir et des dynamiques d’inclusion et d’exclusion sociopolitiques, afin d’interroger l’éventuel élargissement de la participation politique. Les interventions vont porter sur ces dynamiques qui jouent à la fois aux niveaux local et national.

Paper 1

Manirakiza Désiré / Université catholique d’Afrique centrale

Les nouveaux espaces de la contestation : Facebook, opinion publique et communication politique au Burundi

L’objectif de cette communication est de montrer que, au fur et à mesure que l’échéance électorale de 2015 approche et que l’espace public est violemment encadré par l’appareil de répression, les Burundais, surtout ceux résidant dans les centres urbains, utilisent les réseaux sociaux, en l’occurrence facebook, pour contester, construire et/ou déconstruire l’opinion publique. En effet, pour la première fois dans l’histoire politique du Burundi depuis l’avènement de la radio privée, un nouveau terrain (le réseau social) d’engagement et de communication politique se dessine. Désormais, l’État, qui contrôle la radio et les autres médias classique, n’a plus le monopole de la communication, et fait face à un nouvel outil de contestation et de construction de l’opinion difficile à censurer. Il est également question d’analyser l’influence que ce nouveau médias a sur les consciences et les jeux politiques burundais.

Paper 2

Hirschy Justine / Université de Lausanne

L’entretien sociologique comme lieu de contestation politique. Enseignements de l’objectivation d’un travail de terrain au Burundi

En 2014 j’ai effectué un important travail de terrain au Burundi. Inscrite dans le cadre de ma thèse, ma recherche avait pour but d’apporter un nouvel éclairage sur les dynamiques transnationales à l’œuvre dans le cadre de l’élaboration de politiques de “bonne gouvernance”. À cette occasion, j’ai réalisé 70 entretiens avec des membres du gouvernement, de la «société civile» et de la «communauté internationale».
Si mon matériau empirique s’est révélé utile dans ma compréhension de mon objet d’étude, ses conditions de production se sont également montrées intéressantes. En effet, la plupart de mes interlocuteurs ont vu dans la situation d’entretien une occasion de faire passer un certain nombre de revendications contestataires. C’est précisément ce point que je souhaite aborder ici, l’objectivation de mes conditions d’enquête étant éclairante sur les dynamiques et modalités de la contestation au Burundi.
En tant que chercheuse européenne ayant travaillé au Burundi comme fonctionnaire internationale, mes interlocuteurs me percevaient surtout comme une membre de la «communauté internationale». Si ce statut a induit un certain nombre de biais méthodologiques, il m’a permis une observation directe des relations qu’entretient l’élite burundaise avec leurs interlocuteurs internationaux. Cette communication propose donc une analyse empirique de la place de la «communauté internationale» comme «relai» de contestation et de mobilisation politique dans un pays dépendant de l’aide.

Paper 3

Saiget Marie / Sciences Po Paris

Women’s Land Rights Movement, International Actors and Political Participation in Post-War Burundi

While the land issue is of practical importance in post-war settings, particularly in the Great Lakes Region, marked by displacement of populations, over-population, and scarcity of land, it has yet received little academic interest, particularly concerning its impact on women. This paper examines women’s land rights movement in Burundi. It aims to contribute gender insight into the land issue in post-war societies, as well as to discuss the role of international actors in socio-political transformations. To what extent have international actors influenced and shaped women’s movements since the 1970s, and particularly, since the Burundian president decided to stop the process in 2011? And what does this case reveal on the relation between social movements and the trajectory of the state in post-war settings? I show that the evolution of women’s movements on the land issue is linked to women’s solidarity and political participation in several spheres of power. In this context, international actors structure women’s collective action and act as agents of politicization: they contribute to gathering women together and deepening social and political divisions; thus having an impact on their credibility as leaders and ultimately on the building of women as a political actor and a social agent of change. This paper draws on three fieldworks conducted in Burundi since 2012; international actors and women’s associations’ data; and life history testimonies of women activists.

Paper 4

Wittig Katrin / Université de Montréal

E. Jones Cara / Mary Baldwin College, Staunton, Virginia

Electoral violence in Burundi: Comparing patterns of political violence in the run-up to the 2010 and 2015 elections

Why are some elections accompanied by violence while others are not? When do political actors recur to election violence? How do patterns of political violence vary during the electoral cycle? How can election violence be prevented? This paper compares election violence in the run-up to the 2010 and 2015 elections in Burundi, using a combination of quantitative analysis and qualitative data collected during fieldwork. Building on previous literature, we argue that the incumbent regime resorts to election violence to ensure its grip on power, which, in turn, risks radicalising the opposition. By comparing trends and variations in political violence and civil unrest during the last electoral cycles in Burundi, we aim to discern types of violence, patterns and perpetrators to help predict election violence and formulate recommendations to prevent it. First, we provide a historical overview of political violence in Burundi, especially during elections and concerning political and ethnic tensions. We then compare violence in the run-up to the 2010 and 2015 elections, as well as post-election violence in 2010-2011. Third, we discuss the implications of political violence for Burundi’s democratisation prospects. We conclude with lessons learned from Burundi’s election violence for other countries in the Great Lakes and beyond.

Paper 5

Guichaoua André / UMR Développement et Sociétés, Université Paris 1

The political upheavals of November 2014 in Burundi: opportunistic alliances or sustainable reconstructions?

À six mois des élections, l’opposition puis le parti CNDD au pouvoir ont du sortir de leur attentisme pré-électoral avec d’un côté, l’éclatement de l’ADC Ikibiri et la formation d’une seconde alliance de partis et de l’autre, la mise à l’écart risquée des ‘généraux’ contrôlant le pouvoir au sommet de l’État.
Chaque camp estime ainsi pouvoir entrer en campagne: consolider les forces associées, choisir ses candidats, mobiliser les électeurs. Ces clarifications s’imposaient dans un climat politique délétère : bilan économique et social décevant, exaspération des populations rurales face à la montée de l’autoritarisme et des prélèvements, retour de l’insécurité, fortes tensions régionales et isolement du Burundi.
Confrontés à la faible mobilisation de beaucoup de militants, à l’ambivalence des notables locaux, au refus des élus sortants de rentrer dans le rang, à l’impatience des cadres Imbonerakure d’accéder à un mandat rémunéré, les dirigeants du CNDD craignent un vote surprise d’électeurs apparemment soumis mais insaisissables, comme lors des élections de 1993. L’intervention analyse les évolutions internes des partis et des ex-rébellions (notamment leur renouvellement générationnel et organisationnel) et les mobilisations politiques et sociales (relayées par les médias et la ‘société civile’) qui ont accompagné ce double bouleversement; les raisons immédiates qui l’ont motivé; le nouvel agencement des pouvoirs au sommet de l’État et les incidences attendues sur la campagne.

← Back to list