P036 – (Post)colonial Power, Environment and Resistance(s) in Africa, 20th-21th Centuries
10 July, 09:00-10:30

Convenor(s)
Tiquet Romain / Humboldt-Universität Berlin
Henriet Benoît / Université Saint-Louis Bruxelles

Abstract

This panel tries to examine the relationships between (post)colonial power and environment, by shedding light on policies, attitudes and practices of different actors and their natural setting. Numerous studies have shown that the colonial control over the “indigenous” environment and the targeting, on a large-scale basis, of natural resources for economic speculation. These coercive colonial policies, as well as the exploitation of natural resources even after African independence, triggered many and diversified forms of reaction and opposition amongst locals actors (colonizers and colonized, local population and postcolonial elites). The analysis of these reactions allows us to put back various forms of resistance in the environment context and to underline their importance in the rising of collective mobilization in the history of the continent. Particular attention will be paid to the forms of resistance and consequences on socio-ecological configurations.

Pouvoir (Post)colonial, environnement et résistance(s) en Afrique, XXe-XXIe siècles
Ce panel se propose d’interroger les relations entre les pouvoirs (post)coloniaux et l’environnement, en proposant diverses études de cas relatives aux politiques, attitudes et pratiques d’acteurs publics et privés face à différents espaces naturels. La période coloniale a été marquée par une idéologie conquérante valorisant la soumission de l’environnement « indigène » et l’utilisation à grande échelle des ressources naturelles comme marchandises et objets de spéculation. Ce cadre étatique contraignant, ainsi que les stratégies d’exploitation massive des biens de la terre qui perdurèrent après les indépendances, ont suscité de multiples oppositions entre acteurs locaux (colonisateurs et colonisés, élites et populations locales…). L’étude de ces antagonismes permet de replacer les pratiques de résistance dans leur cadre environnemental, de souligner leur importance dans l’émergence et le déroulement de conflits entre groupes sociaux tout au long de l’histoire du continent. Un accent particulier sera ainsi mis sur les conséquences, les bouleversements des configurations socio-écologiques locales, mais également sur les réactions et résistances des populations.

Paper 1

Bourel Etienne / EVS-CREA

La perception de l’environnement pour les travailleurs forestiers gabonais. Quelle place pour la forêt ? Quelle place pour la technique ?

Cette communication discutera les relations que les travailleurs forestiers gabonais entretiennent avec leur environnement, au cours de leur vie quotidienne dans les camps forestiers et pendant les phases de travail. Elle sera basée sur des recherches ethnographiques menées depuis 2009, principalement dans le cadre d’une thèse d’anthropologie (en voie d’achèvement). L’accent sera mis, d’une part, sur les multiples dimensions du vivant en forêt tropicale (rendant inopérante une approche strictement matérialiste et comptable du travail forestier) et, d’autre part, sur l’aspect politique des outils que les travailleurs utilisent au quotidien. En effet, l’exploitation industrielle de la forêt gabonaise date de l’époque coloniale et dépend d’une appréhension économique de l’environnement, le ramenant à une « mine à ciel ouvert ». Toutefois, ce modèle est réducteur pour l’ensemble des acteurs de la foresterie, et particulièrement pour les travailleurs forestiers. Pratiquants ou non une religion monothéiste, initiés ou non à culte magico-thérapeutique, rares sont ceux qui considèrent les forêts où ils travaillent comme uniquement peuplées d’animaux. La compréhension des moments de travail suppose donc la prise en compte d’un ensemble de manifestations potentielles d’entités et de rapports de force qui jalonnent la vie quotidienne.

Paper 3

Papaioannou Kostadis / Utrecht and Wageningen University

Climate Shocks and Conflict: Evidence from colonial Nigeria

While optimism about Sub-Saharan Africa’s recent economic performance is widespread, episodes of tragic violence across the continent still abound, most recently in coastal Kenya, northern Nigeria, South Sudan, the Central African Republic and Mali. Conflict often surfaces in ecologically vulnerable rural areas which are highly dependent on rain-fed agriculture, have limited access to markets and trade, and are noted for the absence or fragile presence of the state.
This paper offers a historical micro-level analysis of the impact of climatic shocks on the incidence of conflict in colonial Nigeria (1912–1945). Primary historical sources on court cases, prisoners and homicides are used to construct an index of socio-political conflict and measure climatic shocks through deviations from long-term rainfall patterns in a nonlinear (U-shaped) relation, capturing both drought and excessive rainfall. We find a robust and significant relationship between rainfall deviations and conflict intensity, which tends to be stronger in agro-ecological zones that are least resilient to climagainst the whims of nature. Additional historical information on food shortages, crop-price spikes and outbreaks of violence is used to explore the climate–conflict connection in greater detail.

Paper 4

Arzel Lancelot / CHSP, Science-po Paris

White Gold of the 19th Century. Colonial Powers, Local Resistances and Ivory Hunts in the Congo Free State

Au XIXe siècle, le bassin du Congo connaît son « or blanc » avec d’intenses circuits commerciaux générés par les chasses à l’ivoire. Déjà convoité par les Afro-Arabes au mitan de ce siècle, l’ivoire devient l’enjeu d’une course à l’appropriation alors que la demande internationale ne fait que croître. A partir de témoignages de chasseurs comme de sources plus officielles, cette communication cherche à mettre en lumière les conséquences politiques et environnementales de ces nombreuses chasses à l’ivoire dans l’organisation coloniale du jeune Etat indépendant du Congo. La mise en place – contestée – d’un monopole par cet Etat colonial reconfigure, en effet, les liens commerciaux préétablis entre les différents groupes sociopolitiques et impose des résistances, plus ou moins ouvertes, contre cette dépossession. A partir d’exemples (Uélé, Enclave du Lado), nous verrons que ce commerce de l’ivoire devient un enjeu dans la domination
des Européens, autant sur les populations congolaises que sur le contrôle de l’environnement – aboutissant, notamment, à des tentatives de domestication des éléphants. Mais ce monopole est aussi contesté au sein de la communauté coloniale par les « chasseurs blancs », braconniers volontaires. Du point de vue animal, enfin, une dernière réflexion pourra être menée sur l’adaptation des éléphants à ces ponctions croissantes – jusqu’à faire l’hypothèse de « résistances animales » en terrain colonial avant l’ère de la préservation et de la conservation ?

Paper 5

Beeckmans Luce / Ghent University

Building and contesting post-war housing schemes in Dakar.

The promotion of African emancipation was thus accompanied by a strong ‘social engineering’. Yet, Africans were no passive victims of development schemes. In this paper we will take a close look at the housing schemes of the SICAP in Dakar between 1951 and 1960. Notwithstanding the significant housing shortages in Dakar, archival records show that a substantial amount of the SICAP houses remained vacant after completion. As a consequence, most houses proved too small and little adjusted to the extended African family, which is well reflected in the many alterations the SICAP houses underwent right from their completion until today. Moreover, the SICAP housing schemes, and in particular their segregationist and elitist underground, caused strong African opposition. Many Africans opposed to the more than 80.000 forced evictions, known in the colonial jargon as ‘déguerpissements’, that were caused by the implementation of the schemes. The result was a fierce battle over land between the government and the inhabitants of Dakar. In particular the Lebou-population demanded adequate compensation for its land in case of expropriation, even if they did not possess any official land title, with equal rewards for Africans and Europeans. Due various forms of active and passive protest of the inhabitants the implementation of the SICAP housing schemes regularly came to a standstill and the government often found itself in ‘a complete impasse’.

← Back to list