P168 – Of Hopes and Hustles – Biographies and Utopias of Protesting Students in West Africa (1960-1980)
9 July, 14:00-15:30

Convenor(s)
Steuer Noemi / Centre for African Studies Basel
Macamo Elisio / Centre for African Studies Basel

Abstract

In the years following independence, students in West Africa were not only perceived as the future elites. Very often they also represented active and influential social actors in many protest movements. As activists or just sympathetic followers their social utopias challenged those in power and significantly shaped the future of the independent nation-states in the making. This panel takes a closer look at the biographies of protesting young people who were studying in the 60ies up to the early 80ies at the emerging universities of West Africa in search of patterns that can yield insights into how they shaped the future. We are particularly interested in the following questions:

  1. How did the utopias that they subscribed intertwine with their personal lives and to what extent were their visions transformed at crucial biographical junctures?
  2. To what extent did they influence or were themselves inspired by local, regional or global socio-political discourses and protest movements?
  3. What remained of the utopias in present-day West Africa, do they still shape society and in particular present-day students?

D’espoirs et de combats-Biographies et utopies des étudiants protestataires en Afrique de l’Ouest (1960-1980)
Dans les années suivant les indépendances, les étudiants en Afrique de l’Ouest ont été non seulement perçus comme les élites à venir, mais ont aussi représenté des acteurs sociaux actifs dans de nombreux mouvements contestataires. En tant que militants ou sympathisants, leurs utopies souvent opposées aux idées des acteurs au pouvoir ont largement influencées l’avenir des États-nations en devenir. Ce panel propose de se pencher sur les biographies des gens qui ont étudié dans les années 60 jusqu’au début des années 1980 dans les universités émergentes de l’Afrique de l’Ouest, dans le but d’identifier des tendances permettant de comprendre comment ces étudiants ont façonné leur avenir. Nous nous intéressons en particulier aux questions suivantes:

  1. Comment les utopies auxquelles les étudiants adhéraient s’articulent-elles à leur vie personnelle et dans quelle mesure leurs visions ont-elles été transformées à certains moments biographiques?
  2. Dans quelle mesure les étudiants ont-ils influencé ou ont-ils été inspirés par des discours sociopolitiques et mouvements contestataires au niveau local, régional ou global?
  3. Qu’est-il resté des utopies dans l’actuelle Afrique de l’Ouest, façonnent-elles encore la société et en particulier les idées des étudiants d’aujourd’hui?
Paper 1

Bianchini Pascal / CESSMA

May 68 in Senegal : Contentious politics in a (neo)colonial context and militant careers from students’ mobilisations to other political arenas

Au Sénégal le régime été secoué par une vague de contestation généralisée culminant en mai-juin 1968 mais qui s’étend en fait de 1966 à 1973. Cet événement a pu faire l’objet d’interprétations divergentes, entre le point de vue du régime (Senghor) reprochant aux étudiants leur mimétisme par rapport au mai parisien et celui d’ex-acteurs qui ont souligné les aspects endogènes de la crise (notamment Bathily). On peut aussi se demander si la séquence 1966-73 constitue une parenthèse protestataire ou, au contraire, si mai 68 reste un événement fondateur, en quelque sorte, la matrice d’autres crises de régime survenues par la suite (1988 et 2012).
En complément et/ou contrepoint des travaux des historiens fondés sur les archives disponibles (Blum, 2012 ; Guèye, 2014), l’enquête sociologique que nous menons depuis septembre 2014 vise à reconstituer cette histoire sociale et politique par le biais du témoignage des acteurs (recueillis sous forme de récits de vie) et parfois de leurs archives personnelles. Elle s’appuie sur des concepts propres à la sociologie des mouvements sociaux conçus initialement dans un contexte occidental, notamment ceux de structure des opportunités politiques ou encore de carrières militantes (cf. Tarrow, Fillieule, etc.) mais se situe également dans le prolongement de travaux personnels pointant la spécificité du rôle politique des étudiants en Afrique subsaharienne, particulièrement les concepts d’acteurs contre-hégémoniques et de fonction générative.

Paper 2

Zeilig Leo / University of London

West Africa’s student-intellectuals: from decolonization to independence

This paper will look at the role of the student-intelligentsia in West Africa from 1960-1980. The legacy of colonialism meant that Africa, like most of the Third World, lacked a national bourgeoisie. The coherence of a group of intellectuals fighting for independence was in direct proportion to the lack of organization and cohesion of other social groups in colonial Africa. Importantly, this social group frequently grew out of a student milieu. So trade union bureaucrats and colonial staff had been, and sometimes still were, university students educated abroad on scholarships. Often these students became imbued in the left-wing and communist milieu at American, British, and French universities in the 1930s and 1940s. Early on, students from African colonies built their own organizations. A large number of African nationalists who led their countries to independence, hailed from what we can term the student-intelligentsia: among them were Cabral, who studied in Portugal, Senghor (in France), and Nkrumah (in the US and Britain).Nkrumah became inspired by socialist ideas and the presence of Black Marxists in the west.This paper will examine the development of this student-intelligentsia in the first decades of independence in West Africa and chart how university students often spear-headed the the first post-independence emancipatory alternatives on the continent. The paper argues that students in West Africa became politically privileged actors after 1960.

Paper 3

Atlan Catherine / IMAF, Aix-Marseille Université

La « génération 68 » au Sénégal : entre revendication collective et émancipation individuelle

Au Sénégal, le mouvement de contestation qui a secoué le pays durant les années 1968-70 suscite depuis quelques années un intérêt renouvelé, de la part de la société civile comme des historiens. Alors que d”importantes études ont été consacrées aux enjeux politiques de ce mouvement (Bathily, 1992 ; Guèye, 2015) ainsi qu’à sa dimension révolutionnaire et transnationale (Blum, 2012 et 2014), des pistes fécondes restent à explorer. Parmi elles, celle des itinéraires individuels, intellectuels, sociaux et politiques de la génération d’étudiants sénégalais qui fut à l’avant-garde de la mobilisation.
A travers leurs récits de vie (écrits comme oraux) et l’analyse de leurs trajectoires, cette communication propose d’interroger non seulement les courants idéologiques dont ils se réclamaient (panafricanisme, marxisme-léninisme, maoïsme…), mais également les utopies sociales et morales dont ils furent porteurs. Dans quelle mesure les étudiants sénégalais des années 1970 ont-ils, à l’instar de leurs homologues européens, prôné et accompli une certaine forme d’émancipation individuelle ? Dans quelle mesure ont-ils contribué au renouvellement des pratiques culturelles et des modèles sociaux de leurs Aînés ? Ces questions, situées à la croisée des destins individuels et des trajectoires collectives, permettent d’éclairer un moment historique qui fait aujourd’hui l’objet d’un important retour mémoriel.

Paper 4

McLaren Kirsty / Australian National University

Liberian student activists moving into state institutions: the dilemmas of engaging with the state and maintaining connections to the movement outside the state

In Liberia, the student movement has opposed inequality and injustice over several decades. Yet, as the state has been transformed, student activists have been confronted by decisions about when to work with state institutions. This paper analyses interviews with former members of student organisations, focussing on their decisions about whether to ‘get one’s hands dirty’, and the effect on relationships between those who become ‘insiders’ and the broader movement. This analysis uses social movement theory about radical actors and radical spaces within the state to understand the shifting intersections between the student movement and the Liberian state.

While some who have moved into state institutions have ambivalent feelings, and are wary of co-option, others are more positive about their path. For both groups, though, the duty to contribute to development and post-conflict reconstruction is strongly felt. The interviews also reveal the strength of the student movement’s collective identity, and the importance of a shared history of struggle to relationships between activists who have made different decisions about engaging with the state. Liberian students’ conceptualisation of students as a political class, with a particular duty to critically analyse their society, continues to connect current students with former activists, both within and outside state institutions.

← Back to list