P113 – Mali-Azawad : du passé ouvert au passé fermé. Histoires, mémoires, justice, reconciliation
10 July, 16:00 – 17:30

Convenor(s)
Lecocq Baz / Humboldt University of Berlin

Abstract

Ce panel multidisciplinaire propose de voir comment les différentes histoires de confrontation entre l’État et la nation malienne et ses régions du Nord, ont été —et peuvent être–– mises en œuvre dans les initiatives variées en faveur de la paix, de la réconciliation et de la justice. Le panel se veut explicitement ouvert à toutes les interprétations du passé, présent, et avenir, du point de vue des différentes disciplines (histoire, anthropologie, droit, économie, études stratégiques etc.), ayant comme but principal de dresser le bilan des possibilités et impossibilités d’une cohabitation paisible dans une structure politique viable.

Mali-Azawad: From an Open to a Closed Past. Histories, Memories, Justice, Reconciliation.

This multidisciplinary panel will look into the ways in which the different histories of confrontation between the Malian state and nation and its northern regions have been ––and can be –– put to work in the various initiatives towards peace, justice and reconciliation. The panel explicitly seeks to remain open to all possible interpretations of both past, present and future made from the point of view of various disciplines (history, anthropology, law, economics, strategic studies, etc.), with as its main aim to asses the possibilities and impossibilities for peaceful co-existence within a viable political structure.

Paper 1

Pelckmans Lotte / Danish Institute for International Studies

Les stratégies du Mouvement Bellah pour la Justice et l’Equité au Nord Mali (MBJEN) et de TEMEDT

On observe des changements importants liés aux revendications identitaires des descendants d’esclaves en Afrique de l’ouest. L’apparition simultanée de nouveaux mouvements anti-esclavagistes démontre que la question de l’esclavage et de ses séquelles connaît actuellement une forte politisation, allant de pair avec une médiatisation inédite dans les espaces publics (inter-)nationaux. Dans cette présentation, j’envisage la crise profonde qu’a connu le Mali depuis 2012 comme une opportunité pour les groupes subalternes, tels que les groupes d’origine servile, pour faire entendre leurs voix dans les espaces publics. Je m’intéresse plus précisément aux fondateurs de deux mouvements disctincts: le Mouvement Bellah pour la Justice et l’Equité au Nord Mali (MBJEN) qui a émergé en aout 2012 et TEMEDT créé en 2006. Ma présentation s’appuiera sur des entretiens filmés avec des leaders du MBJEN et se focalisera sur les différences d’opinion, d’approche et de stratégies entre MBJEN et TEMEDT. Je montrerai comment les activistes du MBJEN ont saisi l’opportunité de la crise malienne pour se rendre visibles sur la scène publique nationale.

Paper 2

Gaasholt Ole Martin / Nordic Africa Institute

Ambivalence in Northern Mali: The inevitability of relating to the Malian state

When employing the history of Northern Mali for purposes of reconciliation or future political solutions, one feature merits further attention. In rapidly changing conflict situations, no one single position reflects a common preference. Furthermore, people have confronted the Malian state in one conflict, to become absorbed into its administrative or armed branches and side with it in a later conflict. The converse has also happened, while some people have modified their position at least once during a conflict. In spite of tactical choices, such changes are reflected in depictions of the sequence of conflicts occurring in Northern Mali. People’s experience of conflict, as it informs and can be employed for the purpose of historical accounts, thus gives direct expression to the ambiguous and changing relationship between the Malian state and Northern Mali. By bringing out the possibility and common practice of occupying changing positions, of entertaining conflicting relations not just to the other ‘side’ of a conflict, but to the often problematic state presence in Northern Mali, historical material can both elucidate the nuances and complex nature of political positions and provide scope for inclusive ways in which to envision political and social relations in Northern Mali.

Paper 3

Konaré Dougoukolo Alpha Oumar / Independent Researcher

Colère et Haine au Mali : de la Légitimité émotionnelle de l’engagement militant.

Nous voulons attirer l’attention sur l’importance des expériences émotionnelles des relations avec l’Etat exprimées dans les témoignages des personnes impliquées dans les conflits identitaires au Mali : ces expériences façonnent les prises de postions futures. La colère et la haine semblent alors des modalités de réaction à la violence ressentie. A travers des entretiens avec des personnes affiliées aux rébellions séparatistes maliennes, aux milices d’auto-défense, et à l’armée malienne, le sens de l’engagement de chacun est exploré. On analysera également les motivations personnelles, l’histoire de vie, le lien affectif aux idéologies et aux prises de positions. Dans cette recherche, le chercheur développe le postulat que la lutte politique est une réponse aux émotions vécues par les protagonistes, qui y trouvent leur solution personnelle. Les entretiens, les échanges épistolaires, les remembrances partagées avec le clinicien chercheur – impliqué lui aussi en tant que témoin et acteur de la récente crise malienne – sont des moments d’introspection, pour donner sens à des affects auxquels le système politique ne paraît pas toujours en mesure de trouver une réaction appropriée. Ce travail s’inscrit de manière active comme une proposition de discussion sur la reconnaissance et le travail de mémoire, dans les revendications nationales au Mali. Les alternances dans les perspectives vont dans le sens de la recherche d’empathie, de réconciliation.

Paper 4

Puigserver Blasco Xavier / Université de Barcelone

Un rapprochement, politique et social, de caractère endogène sur des peuples touareg de l’Azawad pour comprendre la révolte touareg de 2012 et la crise politique dans la République du Mali

La plupart des lignes de recherche qui examine les différents soulèvements armés touaregs qui ont eu lieu au Mali depuis 1963 se réfèrent à des facteurs géostratégies, politiques et économiques de nature mondiale ou sous-régional, ou les facteurs climatiques qui se sont produits dans cette région pour expliquer et argumenter l’inconfort des peuples touaregs et des révoltes organisées par ses combattants. Sans aucun doute tous ces facteurs que nous venons de nommer sont des facteurs à considérer pour expliquer les soulèvements armés touaregs, mais dans ce travail nous mettrons l’accent dans les facteurs sociales et politiques plus endogènes et caractéristiques des communautés touaregs. Développer un travail méthodologique sous le prisme de Longue Durée est particulièrement intéressant pour noter comme la colonisation française a influencé les différentes communautés touaregs, favorisant certains groupes au détriment d’autres, ça c’est le cas du groupe tuareg Kel Adagh qui finira par être le protagoniste de tous les affrontements armés entre cette groupe tuareg et les différents régimes et gouvernements soudanais après l’indépendance de l’ex-colonie du Soudan français et jusqu’aujourd’hui. Identifier qui sont des protagonistes tuareg de cet révoltes et comprendre quelles sont les raisons et leurs revendications politiques au sein de la confédération Kel Adagh nous aideront à mieux comprendre la crise politique de la République du Mali depuis 2012.

Paper 5

Dobronravin Nikolai / St. Petersburg State University

Suggesting a comparative view, starting from the colonial transformation of territories and “tribes” , trying to look at Azawad as one of the postcolonial cases of state creation as a result of external threat/shocks

In the Malian and wider African context, the paper examines the convoluted relations between the colonial conceptualizations of various ethnic groups as “administrative” tribes and the post-colonial attempts by some political movements at creating new territorial states. Such attempts have routinely been treated by the affected states as secessionist. However, “secession” or “separatism” was not part of such movements’ political discourse. The use of the terms by the “legitimate” postcolonial state practically pushed its victims to adopt the idea, re-conceptualizing it as the restoration of a previous sovereignty (typical of the pan-Amazigh and some other postcolonial movements). The paper argues that the concept of runaway statehood is applicable to the ongoing state-making in North Mali under the name “Azawad”, whose supporters seek independence or autonomy from Mali. Differences between the state of Azawad (as proclaimed in 2012) and various “Islamist” entities in the Sahara and Sahel are discussed. Special attention is paid to the interpretation of statehood and sovereignty as represented in various declarations of independence. The paper suggests that the weakness of Azawad as a political entity does not preclude it from potential consolidation.

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