P134 – Le VIH/Sida après le « pic de l’aide » : mobilisations étatiques et non-étatiques face au déclin des financements internationaux
9 July, 09:00 – 10:30

Convenor(s)
Hunsmann Moritz / EHESS

Abstract

La baisse des financements internationaux pour la lutte contre le sida suite à la crise économique mondiale a déclenché en Afrique ce que l’ONUSIDA appelle désormais une “crise de dépendance” vis-à-vis de l’aide. Cette crise met en péril la continuité des campagnes de prévention du VIH et l’accès universel à la thérapie antirétrovirale. Dans un contexte où la survie d’une part importante de la population de plusieurs pays africains dépend directement de l’aide internationale, ce panel explore les transformations des mobilisations africaines contre le VIH/sida en suivant quatre lignes d’enquête : 1) Comment les gouvernements africains font-ils face à la baisse de l’aide et quelles tensions et collaborations émergent entre acteurs étatiques et non-étatiques alors que le caractère non-universel de l’accès au traitement devient manifeste ? 2) Dans quelle mesure les acteurs africains de la lutte contre le sida parviennent-ils à transformer l’inacceptabilité éthique d’une interruption des traitements antirétroviraux en une ressource politique permettant d’assurer la continuité du soutien international ? 3) Quels facteurs contribuent à expliquer la faiblesse des mobilisations dans certains contextes ? 4) Plus généralement, quelles nouvelles formes prennent les mobilisations sanitaires alors que le VIH/sida est de plus en plus considéré comme une maladie chronique et que la légitimité de l’appel habituel pour plus de ressources s’érode avec le déclin de l’exceptionnalisme du sida ?

 HIV/AIDS after “Peak Aid”: African state and Non-state AIDS Activism in the Face of Declining International Support
The global economic downturn has prompted the long-feared drop in international AIDS funding, triggering an “AIDS dependency crisis” (UNAIDS) that jeopardizes the continuity of HIV-prevention campaigns and the prospects for universal access to antiretroviral therapy (ART). In a situation in which a significant share of the population of several African countries directly depends on foreign assistance for survival, this panel aims to explore the transformations of African mobilizations against HIV/AIDS along four lines of inquiry: 1) How do African governments cope with the decline of international AIDS funding and which tensions (and collaborations) arise between state and non-state actors as the non-universal nature of ART rollout becomes increasingly obvious? 2) In contexts of acute aid dependency, to what extent do African AIDS players attempt (and effectively manage) to transform the ethical unacceptability of treatment disruptions into a political resource to ensure continued international support? 3) Which factors help explain the surprisingly weak mobilization of African AIDS players in some settings, despite major threats to national HIV-prevention and treatment programmes? 4) More generally, which features characterise today’s AIDS and health activism, as the HIV epidemic is increasingly framed as a chronic disease and as the persuasiveness of the customary call for more resources erodes due to the declining legitimacy of AIDS exceptionalism?

Paper 1

Eboko Fred / IRD – CEPED (Paris)

Maurice Enguéléguélé (IAG, Dakar), Fatoumata Hane (Univ. de Ziguinchor), Sylvain Faye (UCAD, Dakar), Mathias-Eric Owona Nguini (FPAE, Yaoundé) et le Groupe Gouvernance et sida en Afrique

Gouvernance et sida en Afrique. Crise financière et recomposition de l’action publique internationale. L’exemple du Fonds mondial

L’expansion de la pandémie du sida et les réponses internationales, entre le milieu des années 1980 et le début des années 2000, ont signifié pour les États africains l’avènement d’injonctions internationales contradictoires. Entre la “désétatisation” imposée par les Programmes d’Ajustement Structurel et la “bureaucratisation” dans le sous-secteur de la santé que représente la lutte contre le VIH/sida, c’est un modèle d’action publique qui a vu le jour, qui concerne plus généralement le paysage de la “santé mondiale”. La crise financière internationale, intervenue en 2008 a généré une baisse des ressources internationales, un impératif pour les États africains de générer des ressources domestiques et parallèlement une crise de gouvernance du Fonds mondial. Dans la configuration plus générale des politiques publiques, les États africains sont “encadrés” désormais par une constellation d’acteurs avec lesquels ils coécrivent l’action publique. Cette présentation propose une analyse panoptique des principaux acteurs internationaux, leurs fonctions pratiques et les trajectoires des États africains, par le prisme de l’action du Fonds mondial.

Paper 2

Smith Julia / University of Bradford, England

From AIDS Exceptionalism to the End of AIDS: Civil society organizations and the reframing of the HIV/AIDS epidemic in Sub-Saharan Africa

Through a convergence of activism and policy approaches, the HIV/AIDS epidemic in Sub-Saharan Africa has been framed as exceptional, with AIDS exceptionalism referring to arguments that the epidemic requires a response above and beyond that of other health interventions. Civil society organizations (CSOs) used the AIDS exceptionalism frame to justify their participation in the HIV/AIDS response and to advocate for a human rights based approach to the epidemic. In recent years, as the concept of AIDS exceptionalism has been challenged, CSOs have struggled to justify their participation in the HIV/AIDS response, and to assert a continued rights-based approach.
This paper draws on key informant interviews, primary documents and secondary sources to analyze how HIV/AIDS CSOs have engaged in the post-exceptionalism reframing of the Sub-Saharan African HIV/AIDS epidemic and response. It considers three reframing processes: the post-MDG agenda, the key populations frame, and the end of AIDS frame. It argues that the legacy of AIDS exceptionalism has results in the exclusion of HIV/AIDS CSOs in the framing of the post-MDG agenda. The key populations frame provides opportunities for CSOs to assert their role in, and a rights-based approach to, the HIV/AIDS response, but faces particular socio-political restrictions in Sub-Saharan Africa. The end of AIDS frame is unhelpful in a context where HIV/AIDS remains a persistent public health challenge.

Paper 3

Coulibaly Nonlourou Marie Paule Natogoma / Bayreuth International Graduate School of African Studies/ University of Bayreuth (Germany)

Les mécanismes sociaux de pouvoir et de contre-pouvoir des organisations locales de lutte contre le VIH/sida en Afrique de l’ouest

En Afrique de l’ouest comme dans d’autres pays en développement des associations communautaires locales ont été créées à l’instigation des personnels de santé des services publics et d’ONG internationales de lutte contre le sida. Par ailleurs, certaines ONG nationales jouent le rôle d’interface entre les institutions étatiques, les bailleurs de fonds internationaux (qui ne peuvent directement atteindre les bénéficiaires au niveau local), et les associations locales (qui ne peuvent mobiliser par eux mêmes les ressources dont elles ont besoin). Cette étude cherche à comprendre les stratégies d’adaptation qu’adoptent ces organisations locales face au déclin des financements internationaux, et face au triple défi de suivre les directives nationales, de satisfaire les bailleurs de fonds et de répondre aux besoins de leurs bénéficiaires. L’étude empirique des organisations locales dans les zones frontalières de la Côte d’Ivoire, du Ghana et du Togo, révèle qu’à travers l’action de leurs leaders, ces organisations établissent des relations informelles avec les acteurs étatiques et les organisations nationales. Cela leur permet de mieux maîtriser les jeux de pouvoir et de contre-pouvoir, de dépendance et de contre-dépendance avec les organisations dont elles reçoivent des appuis et ainsi de maintenir leur présence dans les zones où elles interviennent auprès des populations affectées par le VIH.

Paper 4

Chabrol Fanny / SESSTIM (Marseille)

The treatment of viral hepatitis as a new priority in the post-HIV era: new mobilisations but same old problems?

In the wake of vanishing AIDS funding internationally a new public health priority has been emerging: the treatment of viral hepatitis. As the life expectancy of people living with HIV in Africa increases with improved access to antiretroviral drugs, a growing number of them develop symptoms of co-infection with viral hepatitis. While the newly available treatment against hepatitis remains prohibitively expensive, this new public health emergency in Africa benefits from the transformation of AIDS activism in the North, former AIDS activists having found a new pharmaceutical scandal to fight against. Drawing on fieldwork in Yaoundé (Cameroon) I will argue that distinct “African” epidemiological patterns (for both hepatitis and HIV) allow for two arguments.
First, African state and non-state actors are “awaiting” funding for hepatitis-related activities. This passive attitude draws attention to the dependency context and to how former AIDS actors prepare themselves to the expected arrival of international funds by strategically reorienting their activities with regard to hepatitis. Secondly, viral hepatitis is an old iatrogenic epidemic in Africa – one that, like Ebola, offers a vantage point on the failure of ruined healthcare systems. For decades, mobilisations against hepatitis have predominantly consisted in silent and “soft” forms of activism by clinicians. Having very little political leeway, they prefer open critique within their professional fields to public protest.

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