P212 – Historical Figures and Collective Mobilizations
10 July, 09:00 – 10:30

Convenor(s)
Bertho Elara / Université Sorbonne Nouvelle Paris 3

Abstract

Be they resistants against colonization or fighters of the decolonization process, Chaka, Lat Dior, Samori Touré, Patrice Lumumba or Julius Nyerere appeared as founding fathers during the independence, mixing local and transnational memories, sometimes in a conflicting way.
How were those figures used to mobilize « imagined communities » (Anderson) ? How did the new States use them, and what kind of counter interpretations or subversive readings emerged ? Cultural and political elites played a key role in the construction of those mythical ancestors of the “Nations” to be. In a literary and historical perspective, the purpose of the panel is to analyze cultural practices and cultural productions linked to those figures, from the independence to current times, through fiction, songs or engaged literature, theater, radios and new medias, speeches or statuary, history textbooks etc . . .

Grandes figures historiques et mobilisations collectives
Résistants à la colonisation ou acteurs de la décolonisation, Chaka, Lat Dior, Samori Touré, la reine Ranavalona, Patrice Lumumba ou encore Julius Nyerere ont été érigés en figures fondatrices pendant les indépendances, entremêlant de manière parfois contradictoire mémoires locales et mémoires transnationales.

Comment ces figures ont-elles servi à mobiliser des « communautés imaginées » (Anderson) ? Comment les nouveaux États s’en sont-ils emparés, et quelles contre-lectures ont alors pu émerger ?
Les élites culturelles et politiques ont joué un rôle clé dans la recherche de « grands ancêtres » des nations qu’il s’agissait alors de constituer. Dans une perspective littéraire et historique, il s’agira d’interroger les productions et les pratiques culturelles liées à ces figures, des indépendances à nos jours, à travers l’écriture romanesque, les chants partisans, les pièces de théâtre, les radios et les nouveaux médias, les discours ou encore la statuaire, les manuels scolaires…

Paper 1

Ramondy Karine / IRICE, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

« Réinventer la communauté centrafricaine » : mobiliser l’héritage de Barthélémy Boganda.

Malgré le chaos apparent qui règne en République Centrafricaine, un grand nombre d’associations centrafricaines en France ainsi que des institutions comme l’observatoire Pharos, réfléchissent sur la crise. Ainsi, fin 2014, à l’instigation de l’Observatoire Pharos, des intellectuels centrafricains de formations diverses se sont réunis à Bangui et les analyses menées par ces témoins s’avèrent lucides et pragmatiques . Les constats sont multiples mais une même constatation apparaît de façon récurrente : la République Centrafricaine est un Etat né « orphelin » : la mort de Barthélémy Boganda, la « lumière centrafricaine », s’est éteinte en mars 1959 à l’aube de l’indépendance : un vide s’est créé, l’obscurité est tombée sur le pays et elle continue… Depuis, la problématique du leadership ne cesse de se poser, la médiocrité des dirigeants et des opposants qui se sont succédés a plongé peu à peu le pays dans un quotidien traumatique. La nation centrafricaine est à réinventer. Le repli sur l’ethnicisme, les clivages religieux ont favorisé les médiations extérieures comme celle de la France et du Tchad ; ces facteurs ont infantilisé le pays et fait disparaître les valeurs de la « centrafricanité » ébauchées par Boganda. Celles-ci ont été remplacées dans « les communautés imaginées » par le développement de solidarités négatives et un déferlement de violences.

Paper 2

Boizette Pierre / Université Paris Ouest Nanterre La Défense

Ngugi wa Thiong’o et Kenyatta, le mythe déchu

Jomo Kenyatta a très tôt inspiré les écrivains. Si aujourd’hui son nom reste accolé à celui du plus célèbre prix littéraire kényan, son traitement romanesque a, lui, énormément changé entre la période qui a précédé l’indépendance et celle plus récente.

Entre le « Moïse noir » de ses débuts et le «Mzee » autocrate de son journal, l’évolution de son portrait chez Ngugi wa Thiong’o rend compte des mutations de la société postcoloniale et de l’émergence de mémoires longtemps réprimées. En effet, dès la période coloniale, la figure de Kenyatta s’est cristallisée sous la forme d’un mythe puisant dans son arrestation en 1952 et sa lutte pour la fin de la colonisation les éléments à même de le constituer en père d’une nation en devenir. Cependant, beaucoup d’auteurs choisirent rapidement d’aller à l’encontre de cette version officielle et d’ouvrir leurs textes à d’autres voix, particulièrement celles des Mau Mau, déconstruisant ainsi le mythe de l’homme providentiel et exprimant leurs désillusions quant à la tournure des événements.

Ainsi, confronté à ce constat, l’étude du portrait de Kenyatta dans les œuvres de Ngugi wa Thiong’o invite à penser le rôle que l’auteur s’attribue dans l’émergence d’une « communauté imaginée » espérée comme enfin décolonisée.

Paper 3

Mourre Martin / IMAF

Lat-Dior où la création du dernier grand résistant sénégalais à la colonisation

En avril 1960, le Sénégal accède à l’indépendance. Les années qui suivent sont l’occasion de cerner comment, au sein d’un État-nation nouvellement indépendant, certains symboles sont mobilisés. Cette communication se propose de suivre la construction de la figure de Lat-Dior, mort en 1886 et considéré au Sénégal comme le dernier « grand résistant » à la colonisation, depuis les années 1960 jusqu’en 1986, où le centenaire de sa mort fut abondamment mis en scène par l’État sénégalais. À travers l’analyse des politiques de la mémoire – entendues au sens large comme l’intervention de la puissance publique dans l’instauration d’un rapport au passé – au sein du régime socialiste du président Senghor puis d’Abdou Diouf, il s’agit de cerner comment certaines élites sénégalaises ont usé, à différents moments et suivant différentes modalités, du passé dans une perspective à la fois « africaine » et nationaliste. Les œuvres litt
éraires, la presse du parti, la presse officielle, les discours des président, les pratiques commémoratives, voire les politiques urbaines – les noms de rues, de gare, etc. – offrent des matériaux intéressants pour comprendre la mobilisation de cette figure mais également les interactions entres des élites culturelles, des cadres du Parti-État enfin des responsables de l’armée. Ce prisme du rapport à la mémoire historique éclaire ainsi de manière originale la trajectoire de l’État sénégalais tout en informant sur un passé qui continue à faire sens aujourd’hui.

Paper 4

Taoua Phyllis / University of Arizona

Lumumba in the Archive of the Gatekeeper State

My paper will discuss the icon of Patrice Lumumba in the archive of the gatekeeper state. First, I will consider Tshibumba Kanda Matulu’s paintings that represent Lumumba in a popular narrative of decolonization in the Congo in Johannes Fabian’s “Remembering the Present” (1996). Then, I will look at Jihan El-Tahri’s contribution to understanding Lumumba’s international relationships with his informative documentary “Cuba: An African Odyssey” (2007). Finally, I will reflect on the lessons that we can learn from Lumumba’s life and legacy when thinking historically about the emergence of what Fred Cooper calls the gatekeeper state in “Africa Since 1940″ (2002).

← Back to list