P035 – Domestic Workers in Africa (19th-21th centuries). Historical and Socio-anthropological Perspectives
8 July, 17:30-19:00

Convenor(s)
Tisseau Violaine / IMAF
Jacquemin Mélanie / LPED - IRD/ Aix-Marseille Université

Abstract

Discussant / Discutant
Tranberg Hasen Karen Northwestern University

Much of the current research on domestic workers situates this type of work within a globalized economy and links it with international migratory processes. In this panel, we explore the place of domestic workers in Africa from a historical, sociological and/or anthropological perspective. Our point of departure is that the study of domestic work in its multiple dimensions allows us to investigate the evolution of working relationships through time, such as the change from family-based labour relations to wage and contractual relations, increased specialization of tasks, the diversity in the forms of recruitment, and dependencies linked with slavery and patron-client relations. Secondly, the focus on domestic workers sheds light on the day-to-day dynamics within households and draws attention to inequalities linked with gender, class, “race” or age. Thus we also investigate how these inequalities are, and have been, embodied and transposed into practices or speeches over time, and how domestic workers find ways to resist domination. In short, we invite contributions that scrutinize how practices and relations map onto space now or in the past through different types of circulation between the city and the countryside, and (im)mobilities between different segregated spaces. Focusing on the past or the present, contributions may also explore how domestic workers actualise social links inside and outside of their work place, and how they occupy different spaces within the house, the courtyard or the plantation.

Domestiques en Afrique (19e – 21e siècles). Perspectives historiques et socio-anthropologiques
La plupart des travaux actuels sur les « domestiques » s’inscrivent dans une approche globalisée de l’économie et lient cette question aux processus migratoires internationaux. Nous proposons dans ce panel d’explorer la situation des domestiques en Afrique, en liant les approches historiques, sociologiques et anthropologiques. L’étude de la domesticité — dans ses dimensions multiples — permet ainsi de s’interroger sur l’évolution des rapports de travail au cours du temps (passage de logiques familiales à l’instauration de relations contractuelles de salariat, spécialisation des tâches, formes de recrutement, liens de dépendance en continuité avec l’esclavage, prégnance des relations paternalistes), mais aussi sur les relations quotidiennes au sein des maisonnées, que ce soit en termes de genre, de classe, de « race » ou d’âge, et comment celles-ci sont incarnées et transcrites dans les pratiques ou les discours, mais aussi les moyens qu’ont les domestiques de résister à cette domination. Ces éléments se lisent in fine dans l’espace : à travers les circulations entre villes et campagnes ou les (im)mobilités entre des espaces ségrégés sous la colonisation, à travers le rôle de liant entre l’intérieur et l’extérieur que peuvent jouer les domestiques, ou encore à travers les modes mêmes d’occuper l’espace au sein de la maison, de la cour, de la plantation.

Paper 1

Hepburn Sacha / University of Oxford

“There was no Life that Side”: Gender, Generation, and Migrant Domestic Workers in post-Colonial Zambia

This paper will explore the histories of women and female children who migrated to Lusaka to engage in paid domestic labour from the 1960s to the present. In the Zambian literature the figure of the worker and the labour migrant has largely been constructed as masculine, strong, and engaged in formal, highly visible employment practices such as mining and agricultural labour. Much remains to be done to highlight the multiplicity of labour and migration practices that individual workers have engaged in historically. The intersection of gender and generation in shaping experiences of labour and migration has been particularly overlooked.
This paper will examine the intersections of gender and generation in shaping experiences of labour migration and working conditions within the urban home. The paper will first examine various ‘push’ and ‘pull’ factors that drew increasing numbers of women and girls from rural areas to Lusaka to engage in domestic work. The paper will then turn to the living and working arrangements women and girls faced in the city. Such arrangements have often involved complex intersections of kinship and labour relations, with young people exchanging domestic work for their membership within the urban household. The paper will relate women and children’s migratory and labour practices to family and individual survival strategies and broader processes of post-colonial class consolidation and economic decline.

Paper 2

Segniagbeto Kodjo / Université de Lomé

Le travail domestique des jeunes filles ouatchi migrantes à Lomé : quelles évolutions depuis la fin des années 1950 ?

Un nombre de plus en plus croissant de recherches aboutit aujourd’hui au constat selon lequel le travail domestique des enfants, notamment des filles, dans les villes africaines n’est un phénomène ni marginal ni nouveau. Il apparaît par ailleurs que le travail domestique est souvent le fait de jeunes filles migrantes issues de régions où certaines ethnies s’avèrent plus que d’autres pourvoyeuses de cette main-d’œuvre féminine. Mais les approches historiques et les données quantitatives demeurent rares.
Dans le cadre du Togo, et plus particulièrement de sa capitale Lomé, une première analyse des données du recensement urbain de 1958-59 (récemment rendues accessibles), complétée par des entretiens menés en 2012-13 auprès de femmes âgées ayant vécu cette situation de domesticité vers la fin des années 1950 a montré que les jeunes filles ouatchi originaires du Sud-est du Togo s’avèrent particulièrement touchées par le phénomène.
La présente communication se propose de documenter les évolutions survenues dans la problématique du travail domestique des filles ouatchi à Lomé depuis la fin de l’époque coloniale à ce jour. Pour ce faire, elle s’appuie sur une analyse complémentaire des données censitaires de 1958-59 et des entretiens ci-dessus évoqués, qui sera articulée avec les résultats issus d’une récente recherche doctorale, combinant une enquête quantitative et des entretiens menés auprès de jeunes filles ouatchi migrantes à Lomé.

Paper 3

Buscaglia Ilaria / Centre for Gender Studies, University of Rwanda

“My boss fears me”: Patterns of Dependency and Agency among Domestic Workers and their Bosses in Kigali

In November 2014 a disturbing video, showing a maid beating, kicking and stamping on her boss’ one year old baby in Uganda, went viral on youtube, provoking outraged reactions among the East African users of the web. This event fueled an already on-going public debate in Rwanda about the intrinsic risks associated with the relying on nannies and house-helpers by urban elite families. Very few voices tried to provide a deep analysis of the possible structural causes of such acts, mostly ironed out as absurd, evil or the result of individual mental sickness.
My paper would like to provide an anthropological insight on the contemporary power relationships between domestic workers and their bosses, drawing upon the results of my on-going research in Nyamirambo, the most populated area of Kigali. The proposed approach is based on the assumption that such minute domestic interactions disclose a powerful intimate insight into contexts of strong social domination and inequality (Hansen 1989, 1992; Cock 1980). The strong dependency and subordination of the abakozi, most of whom had left the countryside wishing to increase personal autonomy from the rural network of dependency, should not however prevent the researcher to explore the niches of agency at their disposal. The personalized relationship involved makes domestic work a powerful site of negotiation (Qayum, Ray 2003; Shireen 2009) and calls for the need of reconsidering (not romanticizing) existing patterns of agency.

Paper 4

Deslaurier Christine / IRD-Institut des mondes africains (IMAf)

« Boys » in Bujumbura (Burundi), or How to Domesticate Politics

La figure du « boy » dans la ville de Bujumbura, omniprésente jusqu’à nos jours et familière à tous ses habitants depuis la naissance coloniale de la ville au début du 20e siècle, n’a guère suscité la curiosité des chercheurs. De récents travaux ont abordé la question de la domesticité au Burundi, mais sous l’angle de la protection infantile et juvénile (le travail des fillettes et les abus à leur encontre étant soulignés), ou sous celui des avancées du droit du travail, international ou national. Pourtant le « mushumba » comme on disait autrefois, le « boy » des élites coloniales, nationales et expatriées, ou le « travailleur de maison » comme il se fait appeler aujourd’hui, occupent une place à part dans l’histoire sociale et politique de Bujumbura. En tant qu’hommes, plus nombreux dans les cuisines de la capitale que les femmes, ces « garçons » (parfois plus âgés que leur « patron ») sont impliqués de longue date dans des dispositifs économiques différents et engagés dans des relations personnelles plus variées. Intermédiaires entre collines et ville, rusticité et civilités, langues africaines et européennes, mais aussi entre manants et puissants, ou militaires et rebelles, ils incarnent des rapports de domination dont les paradoxes ont éclaté au grand jour pendant la guerre civile débutée en 1993. Des ressources de la dépendance aux promesses de l’émancipation, leur sociohistoire « marginale » épouse le rythme d’une politisation accrue des Burundais depuis un siècle.

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