P100 – Formes et outils des mobilisations identitaires collectives à des fins politiques en Afrique subsaharienne du XIXe au XXIe siècle
10 July, 09:00 – 10:30

Convenor(s)
Martineau Jean-Luc / Groupe Afrique Ocean Indien - CESSMA, Université Paris 7

Abstract

30 ans après B. Anderson (1983) et J-L Amselle & E. M’Bokolo (1985), 20 ans après J-P Chrétien & G. Prunier (2003), il pourrait sembler inutile de revenir sur la question des fabrications d’identités. Pourtant, au vu des nombreuses tragédies à connotations identitaires ou à prétextes identitaires, il n’est pas superflu que l’historien revienne déconstruire et mettre en perspective les processus de constructions identitaires à l’œuvre en Afrique afin de remplir sa mission citoyenne en désarmant l’essentialisme. Aux quatre coins de l’Afrique et en remontant au début du 19e siècle, les contributions de cet atelier éclaireront l’historicité d’identités depuis toujours objet de manipulations régionales ou nationales par les classes politiques anciennes ou contemporaines.

Forms and tools of collective identity movements for political purposes in sub-Saharan Africa from the nineteenth to the twenty-first century
30 years after Anderson (1983), Amselle & M’Bokolo (1985), Chrétien & Prunier (2003), is it useful to investigate identity building processes in Africa? Considering the so-called ethnic based crisis during the last 30 years, historians think so and have the duty to describe the (re-)new(ed) ways ethnicity has been mobilised and to deconstruct these processes to disarm all essentialist attempts to promote so-called «rights» based on a so-called «autochtony» or «racial superiority» to quote a few examples. This panel will analyse examples from the beginning of the 19th C. in order to enlighten the historicity of historically rooted identities, the way they are or were instrumentalised by regional or national actors without interruption since then.

Paper 1

Piton Florent / CESSMA – Université Paris Diderot Paris 7

Les modalités de la mobilisation politique au nord du Rwanda ( préfecture de Ruhengeri, commune de Nkuli ) entre les années 1920 et 1994.

Il s’agira d’analyser les modalités de la mobilisation politique au nord du Rwanda ( préfecture de Ruhengeri, commune de Nkuli ) entre les années 1920 et le génocide perpétré contre les Tutsi en 1994 et de montrer notamment comment la formalisation de la compétition politique s’articule moins au référent ethnique – pourtant quasi-exclusivement mis en avant depuis les années 1960 – qu’aux appartenances régionales et lignagères, elles-mêmes étroitement liées aux recompositions du nationalisme rwandais et de la propriété foncière.

Paper 2

Lima Stéphanie / Lisst-Cieu, Université de Toulouse-Jean Jaurès, Université Champollion

Géographie historique des identités locales au Mali

Il s’agira de dresser une géographie historique des identités locales au Mali à la veille des crises récentes et de montrer comment les institutions de gouvernement locales et la décentralisation ont nourri ou pas les identités dans le sud du pays.

Paper 3

Deverin Yveline / CESSMA et Université Toulouse-Jean Jaurès

La construction de l’ennemi / la haine de l’autre en Afrique sub-saharienne, approche géopolitique (XXème, – XXIème siècle)

Déconstruire ce qui est couramment considéré comme allant de soi (« la haine “ancestrale” entre hutu et tutsi », par exemple [JP Chrétien, JL Amselle, D. Franche]) nous a conduite à réfléchir sur le processus de construction de la haine de l’autre. C’est cela que nous avons a pu voir naître et grandir en Côte d’ivoire où les conditions de développement d’un conflit intérieur étaient par ailleurs très éloignées des conditions rwandaises.
Cette réflexion a trouvé un écho inattendu avec deux ouvrages sortis en 2011, Pierre Conesa “La fabrication de l’ennemi” et 2014 “Construire l’ennemi” de Umberto Eco qui développent des argumentations théoriques qui permettent d’élargir le questionnement pour comprendre / interpréter les mobilisations identitaires collectives à des fins politiques en Afrique sub-saharienne.

Paper 4

Beucher Benoit / Université Libre de Bruxelles

Identité mossi et construction nationale en Haute-Volta puis au Burkina Faso au XXème siècle

Esquisse d’une histoire de l’identité mossi au XXème siècle dans son complexe rapport à la construction nationale voltaïque puis burkinabe. L’étude des processus de construction et de formation identitaires pris sur la longue durée dans l’actuel Burkina portera plus précisément sur l’imagination de la communauté nationale dans ce pays et les modes d’articulation entre les auto-identifications et les assignations identitaires officielles (celles de l’Etat).

Paper 5

Pauthier Céline / CESSMA-Université Paris Diderot Paris 7

« Les dessous du ‟Dadis Showˮ : une analyse du nationalisme guinéen dans les discours du Capitaine Dadis Camara (2008-2009) ».

A la mort du Président Lansana Conté en 2008, après 24 ans de règne, une junte militaire menée par le Capitaine Dadis Camara prit le pouvoir en Guinée. Le Comité National pour la Démocratie et le Développement (CNDD) promit une transition vers la démocratie. Mais de décembre 2008 à décembre 2009, la Guinée vécut au rythme du « Dadis Show », émissions télévisées retransmises par la Radiotélévision Guinéenne (RTG), qui recueillaient un franc succès en Guinée et à l’extérieur du pays, les morceaux choisis circulant sur internet. L’homme fort du pays s’y livrait à des discours et déclarations jugées exubérantes mais qui pouvaient aussi être perçues comme des exutoires à la profonde crise que traversait le pays depuis plusieurs années. Dans cette communication, je propose d’analyser les ressorts identitaires de ces discours, en mettant notamment en lumière ses filiations avec le nationalisme guinéen né dans les années 1950.

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