P149 – Changing Patterns of Militancy in the Sahara. The Malian Crisis
9 July, 09:00 – 10:30

Convenor(s)
Guichaoua Yvan / University of East Anglia

Abstract

The Saharan political economy has an inherent, historically-entrenched need for home-grown ‘specialists of violence’ to secure long-distance travellers across the desert’s difficult terrain. This feature has generated centre-periphery tensions in colonial and post-colonial times as state-making efforts were broadcast from remote capitals.
Armed violence and the massive political reconfigurations in the Sahara since the Libyan Revolution in 2011 heavily draw on this original tension, but also display new characteristics: jihadist militancy has risen; patterns of extraversion have changed; new alliances have formed; repertoires of violent action have spectacularly transformed (e.g. suicide attacks), while state armies have consistently failed to exert a monopoly of the legitimate use of force – had they ever wished to do so. Our panel proposes to review and analyse the persistence and transformations of militancy in the Sahara by exploring its alternative drivers and their interdependences – beyond the simplistic rhetoric of ‘radicalisation’: parochial rearrangements, relations with non-combatant populations, state strategies (militarisation, use of armed proxies), external interferences (regional or global), production and circulation of radical agendas, with or without racialist subtexts etc. Our focus will mostly revolve on the ongoing crisis in Northern Mali.

Transformations de la violence armée au Sahara. La crise malienne
L’économie politique du Sahara a historiquement employé des ‘spécialistes de la violence’ autochtones pour sécuriser les routes et les voyageurs de longue distance qui traversaient les difficiles espaces désertiques. Sous les régimes coloniaux puis postcoloniaux, cette caractéristique a engendré des tensions centre-périphéries là où la construction étatique s’est appuyée sur ces centres éloignés des réalités sahariennes. La violence armée renouvelée et les reconfigurations politiques massives depuis la Révolution libyenne de 2011 réactualisent ces tensions originelles mais présentent aussi des nouveautés : montée du djihadisme, modifications des schémas d’extraversion, nouvelles alliances communautaires, nouveaux répertoires violents tandis que les armées étatiques ont échoué à exercer leur supposé monopole de la violence légitime. Notre panel propose d’analyser la persistance et les transformations de la violence armée dans le Sahara, en explorant ses facteurs et leurs interdépendances – au-delà du discours simpliste de la ‘radicalisation’: alliances locales mouvantes, relations avec les populations non combattantes, stratégies étatiques (militarisation, recours aux proxies armées), interférences extérieures (régionales et au-delà), production et circulation de cultures contestataires radicales, aux sous-textes parfois racialistes etc. Nos contributions porteront principalement sur la crise en cours au Nord-Mali.

Paper 1

Lebovich Andrew / Columbia University

Guichaoua Yvan / University of East Anglia

The politics of insurgency formation: the case of the Mouvement national de libération de l’Azawad

The Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) is a Tuareg-led independentist insurgent movement officially born in late 2011 that swiftly drove out Malian forces from Northern Mali in early 2012 before eventually being driven out itself by an Islamist coalition. It then re-occupied Northern Mali after the French operation Serval dislodged the Islamist groups. Our paper will analyse the conditions of formation of the MNLA, arguing it is the organisational outcome of political brokerage in multiple directions, leading to the percolation of heteroclite political actors and agendas. Young activists, former rebels, leaders of various communities, political officials, traffickers and plausibly external (non-Malian) actors are the diverse protagonists of a multiparty interaction that produced the MNLA. Theoretically, our contribution will depart from a perspective on mobilisation for political violence centred on a simple dyadic relation between an
armed organisation and its recruits. Our ‘choral’ approach of the circumstances of formation of the MNLA is key, we argue, to understand the subsequent propensity of the movement to fragment.

Paper 2

Bouhlel Ferdaous / Universite de Tours

Continuité historique et renouvellement dans la compréhension et l’usage du jihad: des appréciations multiples et différenciées. Azawad – Mali

Le démarrage de la guerre en 2012 entre les mouvements politico militaires de l’Azawad et l’État du Mali, ainsi que le contrôle de certaines zones par des mouvements islamistes a vu re-émerger le débat sur l’usage légitime de la violence par le recours au jihad. Ce débat s’inscrit dans la continuité de celui démarré lors de la pénétration française, au cours de laquelle plusieurs savants et juristes de l’ouest saharien, se sont prononcés en sa faveur, exhortant leurs populations à combattre, alors que d’autres appelaient au renoncement pour cause de supériorité des forces coloniales en marche. Les débats fiqhi ne sont pas isolés et s’entremêlent avec les réalités historiques mettant en scène les références de mobilisations guerrières, les rivalités tribales et politiques, les intérêts et enjeux économiques. Ainsi, depuis 2012, le recours au combat armé ainsi qu’à cette spécificité de guerre appelé jihad a été profondément questionné et a constitué de nombreux débats ‘ilmi entre les savants de l’ouest saharien, puis entre les savants et le pouvoir tribal, enfin entre les savants et les combattants. Cette présentation s’attachera à questionner la notion de jihad et de jihadiste, ainsi que les différentes perceptions de l’usage légitime de la violence, utilisée, rejetée ou transformée par des différents mouvements armés, puis les débats au sein des savants de l’Azawad, des autorités religieuses du Mali, enfin de l’ouest saharien.

Paper 3

Jezequel Jean-Hervé / University of Bordeaux & International Crisis Group

“Bandits”, “Militiamen” & “Jihadi fighters”: Armed Group Dynamics at the Mali-Niger Border

En novembre 2014, le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) revendiquait par un appel à l’AFP une série d’attaques coordonnée contre les forces de sécurité nigérienne. L’attaque était alors largement interprétée comme une preuve supplémentaire de la résilience des « groupes djihadistes » dans une zone frontière entre Mali et Niger malgré les opérations menées par l’armée française dans le cadre des opérations Serval et Barkhane. Cette communication entend éclairer l’évènement sous un angle différent en le réinscrivant dans une histoire plus longue des acteurs de la violence armée dans la zone frontalière Malo-nigérienne (plus précisément le triangle Tillaberri-Menaka-Ansongo). Elle explore d’abord les glissements (ou aller-retours) entre « bandit armé », « milicien » et « combattant djihadiste » en interrogeant continuités et ruptures entre ces différentes figures de l’homme en arme. Elle décrit
ensuite les relations qu’entretiennent autorité publique et mouvements créés de manière plus ou moins durable par ces combattants. On s’intéressera plus particulièrement à la manière dont les Etats tentent de gérer la présence de groupes armés naviguant sur des espaces transfrontaliers et la rupture qu’introduit ou non la lutte engagée par les Etats sahéliens contre les groupes se réclamant du Djihad.

Paper 4

Boisvert Marc-Andre / University of East Anglia

Mali and its discontent: the 2012 conflict in view of Songhai ethnic militias

The main narrative of the 2012 crisis has been of a national army in disarray in front of Tuareg rebels, themselves pushed asided by several Islamist factions. Beyond a post-colonial narrative based on Tuareg military superiority and a certain stereotype of black “cowardness”, numerous breaches in the century-long main narrative have appeared. Among them, Songhai communities have gradually radicalized. Not new players as the Gandakoy and Ganda Iso played a role during earlier Tuareg rebellion, those Songhai militias have emerged as a concrete actor during the 2012-2013 conflict. While the impact of those militias was limited during combat, they have been aggressively looking for involvement in the crisis, providing vital support to both French and Malian troops during the January 2013 offensive in the north. They nevertheless have become a challenge of Tuareg’s sovereignty over an ethnically homogenic Azawad : the Sahel does not belong only to the “hommes bleus”. Their rise also highlights the complexity of the Northern alienation from Bamako’s government. This paper will draw on several made in Mopti/Sevare region during several journalistic visits between February 2012 and May 2014 in way to study how “ethnicize” militants group have become, and what have been the emerging narratives from the 2012-2013 conflict.

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