P006 – Beyond stigma: Mobilising around the Issue of Slavery in Africa
8 July, 14:00-15:30

Convenor(s)
Pelckmans Lotte / Leiden university, the Netherlands
Hardung Christine / Kassel University, Germany

Abstract

The analysis of political life in a large number of African countries is incomplete if we do not take into account the claims made about the thorny question of slavery and its legacies. With the emergence of recent emancipation movements, political parties, and organisations initiated by groups with slave origins, the fight against slavery and its consequences is currently politicised on local, national, and even international levels. This sometimes also goes hand in hand with increased mediatisation. The current collective mobilisations co-exist with contestations at the individual and family level which have remained relatively invisible on the national political scene. How does the growing diversity of strategies for political struggle influence the reconfiguration of relations and identities of groups with slave origins in Africa? Can the shift in decisions to mobilise in a collective rather than mere individual fashion, be attributed to institutional changes in national juridical approaches, to different customary value systems, to the role of religious discourse, or to the racialisation of statutory categories? Finally, to what extent does the mediatisation of claims (in social media, in international media) by these stigmatised groups invest them with new forms of authority and power?

Au-delà du stigmate : mobilisations collectives autour de la question de l’esclavage en Afrique
L’analyse de la vie politique d’un grand nombre de pays d’Afrique est incomplète si l’on ne tient pas compte des revendications autour de la question épineuse de l’esclavage et de ses héritages. Avec l’émergence récente de mouvements d’émancipation, de partis politiques et de nouvelles organisations de groupes d’origine servile, la lutte contre l’esclavage et ses héritages est entré dans un processus de politisation, aigu et virulent, tant aux niveaux local, national qu’international, et s’accompagne parfois d’une forte médiatisation. Les mobilisations collectives coexistent aux côtés de contestations individuelles ou familiales qui restent quant à elles invisibles sur la scène politique nationale. Comment l’importante diversité des stratégies de lutte politique influence-t-elle la reconfiguration des relations sociales et des identités des groupes de descendants d’esclaves en Afrique ? La décision de se mobiliser de manière collective ou non, peut-elle être attribuée aux différences institutionnelles des cadres juridiques nationaux, aux différents systèmes de valeurs coutumières, au poids de la religion dans les revendications identitaires ou à la racialisation des catégories statutaires ? Enfin, dans quelle mesure la médiatisation (sur les réseaux sociaux, par les médias internationaux) des conflits donne-t-elle aux groupes subalternes de nouvelles formes d’autorité et de pouvoir?

 

Paper 1

Gardini Marco / University of Milano-Bicocca

Political activism of slaves’ descendants in post-colonial Madagascar: The Zoam movement

In the highlands of Madagascar slave trade contributed to the emergence of a social differentiation that classified the population in nobles, free people and slaves. This social categorisation survived the formal abolition of slavery and assumed new political meanings in the post-colonial political struggle. Despite being the most marginalized group of Malagasy society, slave descendants became important actors in the post-colonial political context. In order to avoid discrimination, many of them tried to hide their origins, while others found a way to overcome their conditions through political activism. In 1972 groups of young people of slave descent who lived in the poor peripheries of Antananarivo joined forces with impoverished migrants and with young students, composing a Marxist, anti-imperialist movement that played a crucial role in the defeat of the Tsiranana’s regime. This movement – known as Zoam (Zatovo Orin’Asa Malagasy, Young unemployed people of Madagascar) – denounced and translated in class terms the discriminations that slaves’ descendants (or migrants considered to be of slave descent even when they were not) coped with in their everyday life. Based on interviews to some of the former members of Zoam and on fieldwork carried out in the peripheries of Antananarivo, this paper will trace the history of the movement and will discuss the role it had in the renegotiation of the social and political position of slave descendants in Malagasy society.

Paper 2

Ballarin Marie Pierre / Institut de Recherche pour le Développement (IRD)

Héritages de l’esclavage et émergence de mobilisation socio-politique au Kenya

Les héritages de l’esclavage ont un impact profond sur la vie sociale, politique et économique des sociétés contemporaines en Afrique de l’est et le silence a longtemps dominé.
Au Kenya, cette question a perdu beaucoup de son pouvoir émotionnel et des groupes de descendants d’esclaves sont en mesure aujourd’hui d’évoquer l’histoire de leurs ancêtres et leurs propres ressentis interrogeant directement la société kenyane.
En prenant l’exemple de descendants d’esclaves sur la côte kenyane, cette présentation analysera en premier lieu la permanence des effets de ce statut dans le champs socio-économique. En second lieu, cette intervention s’intéressera au cas d’un groupe de descendants d’esclaves affranchis à Frere-Town à Mombasa, qui a créé récemment sa propre association. En se définissant lui-même en temps que “La communauté de Frere-Town”, les membres de cette association dénoncent la discrimination qu’ils estiment subir et réclament publiquement leur reconnaissance comme groupe ethnique spécifique au sein de la nation kenyane .
De fait, les gouvernements successifs post-coloniaux ont eu une attitude ambivalente à l’égard de la question de l’esclavage et de la traite et l’exemple des “Freretowniens” montre le manque de discussion ouverte et de débat public dans la société kenyane. Nous verrons ainsi de quelles façons s’élèvent les voix est-africaines aujourd’hui bien que ces formes de mobilisation soient de bien moindre ampleur qu’en Afrique de l’Ouest.

Paper 3

Becker Cynthia / Boston University

Timidria: Working to Change Symbols of Iklan Identity in Rural Niger

Low status continues to haunt the descendants of the enslaved in Niger, even though they may be several generations removed from slavery. The anti-slavery organization Timidria was founded in 1991 to enact anti-slavery legislation in Niger and to eradicate discrimination. The activities of Timidria, which includes meetings funded with international support, have trickled down and influenced rural communities to create a post-slavery identity for themselves in order to combat local forms of prejudice. This paper, based on interviews with rural iklan, populations formerly enslaved by noble Tuareg, documents the impact of Timidria and considers how Timidria has influenced them to express an identity removed from the history of slavery. It examines visual symbols adopted by rural iklan to consider how they have appropriated styles of dress associated with high-status (noble) Tuareg but made them their own. In northern Niger, Timidria has encouraged iklan to abandon the metal anklets that enslaved women once commonly wore, viewing them as a symbolic link to slavery. At the same time, the adoption of new styles of dress by iklan has opened up a market for Tuareg blacksmiths to create forms of jewelry not linked to an elite clientele. In sum, the activities of Timidira have inspired the disenfranchised to rethink social hierarchies in rural Niger.

Paper 4

Maimone Giuseppe / University of Catania

Identité Haratin et mobilisation populaire : Les nouvelles stratégies de lutte contre l’esclavage d’IRA Mauritanie

A partir du Janvier 2011, des mouvements sociaux mauritaniens se sont inspirés du monde arabe pour promouvoir de grandes manifestations et demander réformes démocratiques, sociales et économiques. En même temps, la lutte contre l’esclavage a trouvé un nouvel espace dans le pays. Le mouvement anti-esclavagiste IRA Mauritanie est descendu dans les rues contre l’esclavage en adoptant de nouvelles stratégies de combat. Les Haratins de Mauritanie, une communauté d’anciens esclaves et leurs descendants d’origine noire et arabisés entre temps, sont encore marginalisés et souffrent l’exclusion du pouvoir politique, de l’éducation et de la mobilité sociale. Selon IRA, les inégalités ont leur origine dans les jugements juridiques islamiques qui justifient l’esclavage pratiqué par les Arabes, donc l’obstacle à l’égalité est le « false islam » de l’école Maliqite qui s’oppose aux préceptes d’égalité de tous les Musulmans, présents dans le Coran. Des initiatives du leader d’IRA – comme l’incinération publique de six livres juridiques Maliqites et des manifestations très populaires – ont emphatisé la lutte contre l’esclavage d’IRA Mauritanie tant dans le monde Occidental qu’à l’intérieur du pays, en donnant au président d’IRA Biram Dah Abeid une grande popularité. Cette présentation analyse les nouvelles stratégies de lutte contre l’esclavage et la représentation de l’identité Haratine promues par IRA, grâce à des sources primaires, des articles de presse et des entretiens.

Paper 5

N’Diaye Sidi / Institut des Sciences sociales du Politique (ISSP), Paris

La cause des esclaves en Mauritanie : l’Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste et la réaffirmation radicale d’une présence sociale et politique.

Les débats autour de l´esclavage en milieu maure se sont largement exacerbés ces dernières années, clivant de manière plus ou moins radicale une société qui, au-delà des dispositifs légaux jamais mis en œuvre, n’a jamais véritablement su affronter ses rigidités. La domination, relégation et marginalisation sociale dont la catégorie haratine (ancienne main d’œuvre servile des Maures) est toujours victime sont aujourd’hui dénoncées et combattues avec véhémence par une élite instruite et politisée, engagée dans une structure politico-associative, l’Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA). Affirmant lutter contre l’esclavage des Haratins, pour leur autonomie économique et leur visibilité politique, IRA a su renouveler de manière radicale les modes de mobilisation et d’expression des doléances de la catégorie haratine. Cette communication se propose donc de rendre compte des manières nouvelles, pour la Mauritanie, par lesquelles IRA et son leader, Biram Dah, travaillent depuis quelques années à mobiliser de nombreuses franges de la population mauritanienne, organisations de droits humains et ONG internationales, autour de la cause des haratins.

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