P027 – Agribusiness Production, Social Control and Resistances in African Rural Areas. A Focus on Peasant and Wage-work Mobilizations
10 July, 09:00-10:30

Convenor(s)
Vadot Guillaume / IMAF, Université Paris 1
Grassin Paul / IMAF, Université Paris 1

Abstract

After two decades of partial decline in the context of a debt crisis and structural adjustment, agribusiness (industrial plantations and cooperatives) has become again a raising sector on the African continent. Big investments are under process, which causes a phenomenon of landholding concentration, new pressures on peasant work, and renewed labour migrations. These important projects have often been assessed through the way civil society is dealing with them, or in the context of land grabbing denunciation, sometimes within a simplified frame opposing native to foreign referents.
This panel aims at contributing to the reflexion on the way this agribusiness rush imposes a new range of researches on work in African rural zones, its capture, its control, and the resistances, which forms are potentially renewed. Mobilizing its workforce – should it be peasant or wage labour – remains a key stake for large-scale agriculture. Stabilizing it also. Historically built control disposals and structuring organizations (so called traditional, or administrative, or charismatic authorities ; trade unions) are currently revived or renewed, so does discourses on work, often inspired from ethnicism or nationalism. And, everywhere, these new needs for labour come along with social conflictuality, from daily resistance (humor, thieves, work intensity lowering) to collective mobilizations (smuggling, strikes, etc.).

Production agro-industrielle, encadrement et résistances en zones rurales africaines. Retour sur les mobilisations du travail (paysan et salarié)
Après deux décennies de déclin relatif, l’agro-industrie est redevenu un secteur dynamique sur le continent africain. De gros investissements sont à l’origine d’une forte concentration foncière, de nouvelles sollicitations du travail paysan et migrations de travailleur-se-s. Ces grands projets ont souvent été étudiés sous l’angle de leur prise en charge par la société civile, ou dans le cadre d’une dénonciation des accaparements de terres opposant de façon parfois simpliste les référents autochtones et étrangers.
Le but de ce panel est de regrouper, sans exclusive disciplinaire, des contributions alimentant la réflexion sur la manière dont cette ruée agro-industrielle impose un retour à la recherche sur le travail, sa capture, son encadrement et ses résistances. Accéder à la force de travail reste un défi pour l’agro-industrie, dont découlent ceux de la stabilisation et du contrôle de la main d’oeuvre. Des modalités d’encadrement historiquement construites – “traditionnelles”, administratives, ou encore syndicale et charismatiques – sont aujourd’hui réitérées ou renouvelées, de même que des discours – parfois ethnicistes ou nationalistes – sur le travail. Et s’imposent des formes de conflictualité qui vont des actes les plus quotidiens (dérision, vols, baisse des cadences) aux mobilisations collectives (contrebande, grève, etc.).

 

Paper 1

Prowse Martin Philip / University of Copenhagen

Agribusiness and accumulation: How does cotton contract farming influence peasant differentiation in Mara Region, Tanzania?

Large agribusiness firms frequently outsource production to peasants on customary land through contract farming. By this way outgrowers can increase the reliability of supply quantity (and, on occasion, quality). More importantly, outsourcing off-loads production risk onto peasants. On a broader note, where access to land is highly politicised, contract farming can overcome land constraints. This paper focuses on cotton contract farming and peasant resistance in Mara Region, Tanzania. The cotton sector in Tanzania experiences severe difficulties due to very high default rates on inputs (mainly seed and pesticides) provided by ginneries. The focus of this paper is on the composition and patterns of accumulation within the Farmer Business Groups (FBGs) the cotton
ginneries work with. Firstly, the paper describes the basic characteristics of eight FBGs surveyed in November/December 2014. Secondly, through utilising survey data on how inputs provided by the data were diverted to favoured members of the FBGs, the paper compares the characteristics of the ‘elite’ members of FBGs to the remaining members. We discuss if this contract farming scheme is increasing differentiation within smallholder communities and increasing community-level inequality. We also discuss if the contract farming scheme is changing labour market dynamics for poorer households. The paper concludes by reflecting on the broader implications of agribusiness penetration of rural regions in sub-Saharan Africa.

Paper 2

Som I Joseph Désiré / Institut de Recherches sur le Maghreb Contemporain(IRMC), Tunisia

Des mobilisations paysannes vers la révolution tunisienne : histoire d’un apprentissage des savoir-faire protestataires.

Notre communication vise à mettre en lumière les modes de résistance des petits paysans tunisiens qui constituent une part importante de la main d’œuvre salarié des grandes exploitations agricoles en Tunisie d’une part, et la manière dont leurs mobilisations collectives, qui précèdent la première phase du processus révolutionnaire (décembre 2010-14 janvier 2011), servent de lieux d’apprentissage et de diffusion des savoir-faire protestataires d’autre part.
Effet, suite à l’adoption, au milieu des années 1980, des programmes d’ajustement structurel, la Tunisie connaît d’importants changements dans ses politiques agricoles. Un grand nombre de petits exploitants décident de s’endetter auprès de banques pour agrandir leur exploitation afin de la rendre rentable, en même temps que d’autres membres de leur famille dont parfois eux-mêmes complètent les revenus du ménage par un travail salarié saisonnier ou permanent. Incapable de rembourser leurs prêts, de plus en plus de petits exploitants sont expropriés par les banques qui revendent les terres ainsi acquises aux grandes exploitations. C’est alors que s’organise une résistance par la mise en route de différentes mobilisations collectives entre 2008-2010. Les répertoires d’action sont essentiellement protestataires : occupation des terres agricoles, manifestations de rues, saccages des bâtiments administratifs.

Paper 3

Borrell Thomas / CREG, Université Grenoble Alpes

Abe Gaëlle Michèle / Université Yaoundé 2

Between mobilisations of trade unions, claims of NGOs, Fairtrade labellisation and large social protests : analysing recent improvements in cameroonian banana agro-industry working conditions

Au Cameroun, l’exportation de bananes a connu une forte croissance depuis les années 90, parallèlement à une restructuration importante. La filière, désormais concentrée sur une entreprise publique et une société présentée comme le premier employeur privé du pays, génère fréquemment des controverses liées aux droits humains. En réponse, la société privée communique sur sa politique volontariste et publie depuis 2011 un rapport annuel de Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) sur ses démarches dont certaines reposent sur des cahiers des charges, au niveau environnemental mais désormais aussi social (Fair Trade, depuis 2013).
Cette communication, après avoir rappelé la faiblesse des protections réglementaires, cherchera à caractériser les déterminants de l’évolution récente des conditions de travail dans l’entreprise privée. L’analyse descriptive reposera sur une enquête quantitative réalisée en 2013, comparée aux données disponibles sur la même entreprise en 2003 et sur l’entreprise publique en 2012 et 2014. La discussion, en s’intéressant aux pratiques syndicales, aux déclarations patronales, aux publications des ONG et des médias et à la conflictualité avec la population locale, montrera que les améliorations constatées peuvent être analysées comme une stratégie de réponse managériale et de relégitimation face à la médiatisation croissante de la critique sociale et à la menace directe sur les investissements de l’entreprise lors d’émeutes populaires en 2008.

Paper 4

Vadot Guillaume / Université Paris 1

La plantation industrielle comme espace social conflictuel, de la tension quotidienne aux mobilisations collectives. Réflexion autour de deux exemples camerounais.

La présente communication vise à rendre compte de deux terrains de recherche sur les plantations industrielles Sosucam (canne à sucre) et Hévécam (hévéa), au Cameroun, et à tenter une caractérisation de l’espace social particulier qu’elles constituent. La plantation a de longue date constitué un objet de discussions théoriques, sur son rôle dans le développement ou la dépendance des pays du Sud, le rapport à l’agriculture familiale, ou encore le laboratoire qu’elle constitue sur le plan des identités, des formes de pouvoir ou encore d’autorité. La vague d’investissements dans l’agro-industrie sur le continent africain depuis le milieu des années 2000 permet aujourd’hui de rouvrir cette discussion à partir de données renouvelées.
Sur la base d’une enquête ethnographique et d’entretiens qualitatifs notamment avec la main d’oeuvre qui forme ces concentrations salariées, l’attention se focalisera sur la façon dont les antagonismes sociaux liés à la production en plantation configurent un espace social traversé par un fort niveau de conflictualité et de fortes tensions. Pour cela, nous explorerons aussi bien la vie sociale quotidienne, à travers l’habitat, les déplacements, les stratégies économiques des ménages, que les épisodes de crise que nous avons pu documenter, grèves ou émeutes de ces dernières années.

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