P175 – African Migrants in France: African Protests, Resistances and Revolutions
9 July, 14:00-15:30

Convenor(s)
Dedieu Jean-Philippe / CIRHUS-NYU
Blum Françoise / CHS-CNRS

Abstract

Recent studies devoted to the relationship of immigrants (workers or students) to politics have gradually brought to light unheeded, even unknown swaths of practices and know-how that seamlessly combine electoral and non- electoral practices. Attesting to the prominence of the assimilationist model in migration studies, such studies have long focused exclusively on migrants’ social movements towards their host society. However, the recent diffusion of the transnational paradigm across the social sciences has renewed this approach. This shift has allowed to break free from “methodological nationalism” and thus pave the way for an investigation of migrant participation in political life in their countries of origin. Using research conducted in anthropology and sociology, in history and political science, this panel aims at questioning the participation of sub-Saharan migrants to social and political movements in Africa from independence to nowadays. Special attention will be given to the transformation of a population into emigration, which settled in France through the mid-70s with no special formalities, and the consequences of this transformation on political behavior as well as the involvement of migrants in the revolutionary movements that Africa has experienced.

Migrants africains en France: protestations africaines, résistances et révolutions

L’émergence récente de travaux consacrés au rapport au politique des migrants – tant travailleurs qu’étudiants – ont mis à jour un continent inconnu de pratiques et de savoir-faire qui relient, dans une même continuité, participation électorale et participation non électorale. Témoignant de la saillance du modèle assimilationniste dans les études migratoires, ces travaux ont longtemps été dédiés aux mouvements sociaux portés par les migrants en direction de la société d’accueil. La récente diffusion du paradigme transnational dans les sciences sociales a renouvelé cette approche. Elle a permis de s’affranchir du nationalisme méthodologique et d’ouvrir la voie à l’examen de la participation des émigrés à la vie politique de leur pays d’origine. Ce panel se donne pour objectif d’interroger la participation, depuis la France, des migrants subsahariens aux mouvements partisans et sociaux en Afrique, des indépendances à nos jours, en recourant aux recherches conduites aussi bien en anthropologie et en sociologie qu’en histoire et en sciences. La transformation en émigration d’une population qui, jusqu’au milieu des années 70 s’installait en France sans formalités particulières, et les effets de cette transformation sur les comportements politiques, feront l’objet d’une attention particulière, de même que l’implication des migrants dans les mouvements révolutionnaires qu’a connue l’Afrique.

 

Paper 1

Blum Françoise / Centre d’Histoire Sociale du XXe siècle (Paris I Panthéon Sorbonne/CNRS)

An African mobilization in France : Some questions about FEANF

Cette communication portera sur la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF) qui de 1950 à 1980 s’est donnée pour but la défense des étudiants africains sur le sol métropolitain. Mais la FEANF, au-delà de son rôle strictement corporatiste, a fonctionné comme un intellectuel collectif, porteur de projets et d’utopies révolutionnaires. Nous en tenterons l’analyse selon diverses axes ou méthodes : biographie collective tenant compte du facteur générationel, trajectoires de ses membres les plus actifs, tout en essayant de répondre à plusieurs questions dont les principales sont les suivantes : que fait l’exil –dans ce cas choisi – au militantisme ? Que reste-t-il du militantisme diasporique lors du retour au pays ou, en d’autres termes comment sont réinvestis les capitaux militants après le retour ? Il sera aussi intéressant de s’interroger sur la manière dont les indépendances ont été reçues par la diaspora étudiante, en d’autres termes sur la perception à distance d’indépendances intervenues dans des conditions considérées par la Fédération comme issues d’un très honteux compromis.

Paper 2

Dedieu Jean-Philippe / CIRHUS (CNRS/New York University)

Mbodj-Pouye Aissatou / CNRS

Les mobilisations des travailleurs africains en France pour le logement (1960-1975): Acteurs, espaces et réseaux

A compter des indépendances, les migrants ouest-africains qui sont de plus en plus nombreux à émigrer vers l’ancienne métropole coloniale ont été logés dans des conditions particulièrement précaires. Si, au début des années 1960, ils n’ont pour seule alternative que les garnis, hôtels et meublés, des institutions telles que l’AFTAM, l’ASSOTRAF ou la Soundiata construisent des foyers à leur intention. Toutefois, des micro-mobilisations sont progressivement organisées par les résidents contre leurs conditions de logement. Notre présentation souhaite interroger l’émergence et le développement de ces mouvements sociaux dont la continuité — en dépit de leur apparente dispersion — n’a été pour le moment ni vraiment soulignée, ni totalement restaurée. Plusieurs questions guident notre analyse : Quel est le rôle du foyer et de son inscription dans un espace urbain spécifique dans la genèse de ces mobilisations? Quelle est l’influence des identités raciales, nationales et partisanes dans leur structuration? Quelles ont été les dynamiques d’unification et leurs limites ? Dans quelle mesure ces mouvements préfigurent-ils la grève ultérieure des foyers Sonacotra ?

Paper 3

Hamidu Jamilla / LAM (CNRS/Sciences Po Bordeaux)

Generations of identity in Britain and France : Is the British Model of Communautarianism through Protest a Foundation for Black British Identity Best Model for Integration ?

In the last few decades Britain has become home to many migrant communities, particularly those from former Commonwealth nations. The mass emigration of these commonwealth nationals took place in the aftermath of the WWII with the arrivals of British Caribbean’s through the Windrush in 1948. Many communities were formed in cities such as Liverpool, London and Manchester. The British communautarian model permitted the existence of such communities with less institutional interference, which later gave birth to an urban culture and identity. As these migrant communities became subject to racial discrimination in Britain, this later led to the eruption of urban riots. This encouraged the formation of a collective identity to combat discrimination.
This paper would focus on the formation of today’s Black British identity: the evolution of this notion, to its acceptation as a parameter for integration. Is it far removed from the struggles and ideologies of the 1960s and 1970s ? Are we in a new era of black British identity formation? This paper also seeks to compare this notion of urban and cultural identity among second, third, and fourth generation migrants in France? Is there such thing as a Black French identity? Does the French Republican model allow or prohibits this formation of urban cultural and identity?

Paper 4

Soukouna Sadio / IMAf/MIGRINTER

Les logiques du refus malien de signer les accords de réadmission: Politiques de résistance à la France et reconnaissance du rôle des migrants maliens

En janvier 2010 ont pris fin sous le ton de « résistances maliennes » les négociations des accords de réadmission initiés entre les États français et maliens, dans le cadre de la politique de développement solidaire. Les pourparlers ont été le théâtre de la confrontation des intérêts des deux pays en termes de gestion des migrations. Le « non » formulé à l’issue de ces négociations par les autorités maliennes constitue un élément d’observation de l’évolution positive de la place et du rôle accordés aux migrants dans le paysage politique du pays d’origine. C’est en partant d’un tel postulat que notre communication,s’appuyant essentiellement sur des entretiens semi-directifs réalisés a posteriori auprès des acteurs, porte un intérêt aux raisons du refus manifesté par le gouvernement du président Amadou Toumani Touré. Ce geste politique laisse transparaïtre l’hybridation de logiques de résistance et de reconnaissance politique de la participation des migrants au Mali. Nos observations montrent quels types de pratiques ont permis aux migrants maliens de passer progressivement de la figure de « fuyards » dans la période d’indépendance à l’image dorénavant valorisée de « compatriotes », ou « Maliens de l’extérieur » par les régimes politiques successifs. Nous portons également une attention particulière à la trajectoire d’un acteur clé des négociations qui permet de cerner comment les intérêts des migrants en France se sont retrouvés au coeur de cette décision politique malienne.

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